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Antonio Garrido (El Caso) : “Jouer le méchant a quelque chose de thérapeutique”

Antonio Garrido (El Caso) : “Jouer le méchant a quelque chose de thérapeutique”
Fanny Lombard Allegra

D’abord acteur de théâtre, Antonio Garrido est pourtant un visage bien connu des téléspectateurs et cinéphiles espagnols. Pour ne citer que les films sortis en France, on l’a vu dans Un Jour de Chance, Journal intime d’une nymphomane ou encore The End ; sur le petit écran, il a notamment tenu des rôles récurrents dans Los Protegidos ou Amar en tiempo revueltos ; il apparaît dans la websérie catalane à sketches El Palermasso ; et il a également présenté plusieurs émissions télévisées, parmi lesquelles la version locale de Qui veut gagner des millions ? Dans El Caso, cronicá de sucesos – série que Season One vous présentait récemment – il est Antonio Camacho, agent franquiste ambitieux et retors, qui s’emploie à contrôler la presse et tente d’entraver les enquêtes des journalistes. Malgré un emploi du temps chargé, qui le voit enchaîner tournages et tournée pour la pièce de théâtre Nuestras mujeres, l’acteur sévillan a accepté de répondre à quelques questions

Season One : Vous menez une carrière éclectique et variée : au cinéma, dans des séries, au théâtre, en tant qu’animateur d’émissions télévisées…  Quelle est l’expérience qui vous plait le plus ? Et qu’y-a-t-il de particulier ou de spécial quand on joue dans une série télé ?

Antonio Garrido : Ce qui plaît le plus aux acteurs, c’est le théâtre, parce que là, il y a un retour direct du public. Ce qui est sûr, c’est que faire du cinéma ou de la télévision permet de toucher une plus large audience et ça, pour nous qui aimons raconter des histoires, c’est quelque chose de très positif et de magnifique.

Dans El Caso, vous interprétez un antagoniste, un personnage négatif et obscur, mais complexe et très intense. Comment se prépare-t-on mentalement pour ce type de rôle ? Y-a-t-il quelque chose de jubilatoire à jouer le rôle du méchant, ou est-ce plutôt une expérience cathartique ?

Ce qui est intéressant avec les personnages, quels qu’ils soient, c’est le stéréotype en lui-même. Tous sont bons et tous sont mauvais, parce que le bon personnage ne pense pas qu’il est bon, et le mauvais ne pense pas qu’il est mauvais.

Ça te confronte à la vérité la plus absolue, et comprendre le personnage dans tous ses ressorts personnels et temporels, ses influences, c’est ce qui le fait agir et qui fait qu’il possède les caractéristiques qui le définissent. On aborde tous les personnages de la même manière, mais le fait de jouer le méchant a quelque chose de presque thérapeutique, parce que ça te permet de faire des choses que, dans la vie réelle, tu ne peux pas faire. Et quand tu rentres à la maison après le tournage, tu es serein et détendu (rires).

El Caso est une série un peu à part à la télévision espagnole : au premier abord, on pense à une série policière classique, mais il y a tout un sous-texte lié à l’époque et à l’atmosphère. De quelle manière vous êtes-vous retrouvé impliqué dans la série ? Né dans les années 1970, quel regard portez-vous sur cette période ?

Pour nous, ce n’est pas quelque chose de vraiment très proche, parce que le temps où l’Espagne était ainsi fut relativement court. Heureusement, l’Espagne a changé et nous sommes maintenant un pays démocratique, européen, où les gens jouissent de la liberté d’expression.

Personnellement, je n’ai pas vécu cette période mais les références sont très présentes, parce que nos parents et grands-parents, eux, l’ont vécue. Pour me documenter pour la série, j’ai parlé avec plusieurs policiers de l’époque. L’un d’eux est mon oncle, qui était Colonel de la Guardia Civil, et nous avons beaucoup discuté du sujet. Tant et si bien que tout dans la série, même les meubles, sont réels et d’époque.

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Le thème du franquisme est encore délicat en Espagne, et El Caso s’empare de la question et aborde des thèmes sensibles, comme par exemple l’homosexualité ou  la liberté de la presse. Est-il  nécessaire de recourir à la fiction pour traiter de ces sujets ? Aurait-il été possible de développer une série comme El Caso sur une chaîne privée, au lieu de la diffuser sur la chaîne publique, la TVE ?

Oui, on pourrait la faire sur une chaîne privée. La preuve : la série La Chica de Ayer a été diffusée sur Antena 3, et j’y ai aussi participé. Parler de l’Espagne du franquisme n’est plus un sujet tabou désormais, même s’il reste encore des nostalgiques. Cela fait de nombreuses années que l’Espagne est un pays démocratique, il n’y a pas de problème pour en parler et aborder ces thèmes-là.

De manière plus générale, que pensez-vous des séries espagnoles actuelles ? Fort de votre expérience, aimeriez-vous proposer et prendre une part active à l’élaboration de votre propre série – un peu comme l’a fait Fernando Guillén Cuervo avec El Caso ?

L’aspect principal que je perçois c’est qu’en Espagne, la fiction s’est énormément développée. Au cours des 15 dernières années, j’ai vu une progression très satisfaisante de tout ce qui fait cette industrie, et il y a de quoi en être fier et heureux.

Je n’ai développé aucun scénario pour la série, mais j’ai été assez impliqué dans Los Protegidos, puisque j’ai été le premier acteur à être choisi sur le casting. Et ce fut une expérience très agréable que d’être immergé dans un projet et de le regarder grandir progressivement. En ce qui concerne ma propre série, il y a des idées et c’est un aspect important, mais ce n’est pas facile de les mener à bien. Actuellement, je suis à un point de ma carrière où je mène un rythme de travail intense et pour le moment, je ne peux pas m’engager dans  des projets. Mais qui sait ce que nous réserve l’avenir…

El Caso, Cronicá de sucesos – série de la TVE.

Propos recueillis et traduits par Fanny Lombard Allegra.

Merci à José Carlos Gonzalès Ramos et Antonio Garrido.

Crédit photos : Twitter – @AGarridooficial /  RTVE.


 

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