Image Image Image Image Image Image Image Image Image Image
Scroll to top

Top

4 Commentaires

Doppelgängers, robots, clones… : quand la planète série voit double

Doppelgängers, robots, clones… : quand la planète série voit double
Cécile Pinaud

Cette semaine, BBC America a diffusé le final de sa nouvelle série Orphan Black dont les héroïnes sont des clones. L’occasion pour Season One de s’intéresser à cette tendance de plus en plus répandue dans les séries à mettre en exergue des personnages physiquement similaires mais aux intentions très souvent diamétralement opposées. Qu’il s’agisse de phénomènes surnaturels, de naissances multiples, de manipulations génétiques ou technologiques, les doubles ne se sont jamais aussi bien portés à la télévision. Début d’explication !

« Ce n’est pas une défaillance de votre téléviseur, n’essayez donc pas de régler l’image » comme dirait l’autre. Si vous voyez des doubles dans toutes vos séries TV préférées, le problème ne vient pas de vous. Encore que problème est un bien grand mot. La multiplication de personnages physiquement identiques est en fait une très bonne chose et une sorte de marronniers de la série fantastique et de science-fiction.

Toutes les grandes séries appartenant à ce genre ont à un moment donné pioché dans le chapeau à idées SF mettant de facto les héros face à leurs doubles. Durant les 10 années qui les ont amenés aux confins de la galaxie, les membres de l’équipe de Stargate SG1 ont souvent croisé un autre Jack O’Neill, une Samantha Carter différente. Le spectre des intrigues étaient très larges allant d’une seconde version de la Terre à une création robotisée en passant par les fameux réplicateurs, l’un des nombreux ennemis du SGC. Même chose chez leurs voisins d’Atlantis.

En son temps, The X Files aura aussi connu des doublons de Mulder et Scully notamment dans l’épisode Triangle et aura introduit le concept des métamorphes capable d’endosser le physique de n’importe qui. Héritière de The X Files jusque dans la police utilisée dans les crédits d’ouverture, Supernatural reprend cette idée des shapeshifters. N’oublions pas non plus Alias qui pratiqua le remplacement de ses personnages, parfois de façon très cavalière. Et que je te plonge untel dans un bain spécial pour en ressortir sous les traits d’une autre ! Même si le procédé était grossier, il faut reconnaître à la série que son concept reposait au départ sur la dualité et le fait que Sydney était un agent double !

Dans ces séries, si des versions différentes des personnages apparaissent, elles ne sont pas toujours mises en face des « originaux », elles ne font que les remplacer. Ce fut aussi le cas dans Smallville, quand une kryptonite particulière transformait en profondeur la personnalité de Clark. Et il faut bien avouer que le jeune homme était alors bien plus intéressant.

walter_walternate

A mon sens, ce sont les scénaristes de Fringe qui ont le mieux parlé des univers parallèles (et dans une moindre mesure des shapshifters) en créant deux réalités bien distinctes et en en faisant évoluer les personnages de façon presque équivalente. Si Olivia et Walter sont les héros de la série, Fauxlivia et Walternate ne sont pas des personnages secondaires. Ils auront une importance capitale dans le devenir de la série. Anna Torv est d’ailleurs l’une des actrices dont le jeu à considérablement progressé grâce à la triple interprétation qu’elle a pu faire de son personnage de départ. Sûrement considérablement aidée par les différences de look, elle campe une Olivia repliée sur elle-même, fruit d’un passé douloureux alors qu’elle se transforme en une Fauxlivia qui aime la vie, qui sourit et plaisante facilement. Pareil pour John Noble qui est aussi flippant en Walternate que follement attachant en Walter. Nous n’aurons que peu vu les deux versions d’Astrid ensemble mais là aussi, quand la rencontre a lieu, elle est étonnante et jolie.

Dans son genre, Buffy, The Vampire Slayer aura crée un style hybride qui mélange la notion de Doppelgänger soit double maléfique avec la réalité alternative. Dans The Wish, Cordelia fait naître un univers parallèle désespérant dans lequel évolue une version vampire de Willow et d’Alex. Plus tard dans la série, la gentille Willow encore habillée en rose aura à faire face à son double tout de cuire vêtu qui ne s’embarasse pas des convenances. Au-delà du succès que le personnage de Vampire Willow inspira, il n’est pas étonnant que ce soit la jeune sorcière qui fut choisi par Joss Whedon car elle reste le personnage de Buffy le plus en lutte avec elle-même. Son évolution sera incroyable, sa quête d’identité sexuelle sera un tournant et ses dérives offriront à la série l’un de ses meilleurs arcs narratifs.

On pourrait dire qu’en matière de doubles maléfiques, The Vampire Diaries est aujourd’hui la descendante directe de Buffy, The Vampire Slayer. Déjà méchamment douée pour son jeune âge, Nina Dobrev a su nous montrer ces dernières années qu’elle maîtrise comme personne son côté obscur et schizophrénique. En trois saisons, la jeune femme a été amenée à jouer quatre personnages différents : Elena humaine, Elena vampire avec sentiments, Elena vampire sans sentiments et Katherine. Cette année, elle fut pratiquement de toutes les scènes, passant souvent d’Elena à Katherine sur la simple base d’une attitude. Et le téléspectateur sait dans la demie seconde à quelle version il a affaire. Et il faut bien avouer que sans les jouissives passes d’armes entre les deux jeunes femmes, la saison n’est qu’un imbroglio assez mal écrit.

TVD

Des doubles mal intentionnés, il y en aura aussi dans cette « vieille » série des années 1990 sobrement nommé Two avec un Michael Easton aux prises avec un jumeau sociopathe. Plus récemment, Heroes a cloné la belle Ali Larter. Si dans la saison 1, Jessica n’était qu’une émanation de la psyché dérangée de Niki, nous apprendrons plus tard que la jeune femme fut séparée à la naissance de ses sœurs Barbara et Tracy. Des triplées donc !

Les séries TV ont aussi fait de la récupération du côté du mythe de Dr Jekyll & Mr Hyde et son trouble dissociatif de la personnalité via la mini-série anglaise Jekyll. Cette saison, Do no Harm s’est emparé du concept sans grand succès puisque la série a été retirée de l’antenne de NBC au bout de deux épisodes.

La figure du Doppelgänger n’est pourtant pas seulement l’apanage des séries fantastiques. De son côté, How I met Your Mother s’en est emparé pour le meilleur, pour le rire et sans aucune forme de diabolisation. Ainsi chacun des 5 personnages principaux de la série à un double dans New York : celui de Robin est une lesbienne aux cheveux courts, celui de Lily est strip-teaseuse, celui de Marshall est affublé d’une moustache alors que celui de Ted est un catcheur mexicain et que celui de Barney est un spécialiste de la fertilité.

Si l’Europe semble n’avoir découvert les robots dans les séries que via Real Humans cette année, Battlestar Galactica nous aura fait voir double, triple, quadruple… bien avant grâce à ses Cylons à visage humanoïde. Alors que Grace Park aura la lourde tâche d’incarner à la fois la troublée Boomer et le cylon à contre courant Athéna qui choisit les humains à son propre « peuple », Tricia Helfer campera de nombreuses versions de Six dont les plus mémorables se nomment Caprica Six, Mind Six, Gina et Natalie. A la différence des autres cylons, les Six cherchent à s’individualiser en changeant de coupes ou de couleurs de cheveux alors même qu’elles sont censées représenter un idéal féminin immuable. Avec les Eight, elles sont sans doute les modèles les plus humains.

200px-Season_3_-_Promo_-_AMOS_-_Number_Six

A la différence des cas cités plus haut, la mise en scène de clones dans les séries TV est relativement récente et rare. Ce sont manifestement les anglais les plus intéressés par le sujet puisque dès 2008, BBC Three diffusait, Clone, une comédie de 6 épisodes ayant pour sujet la création et l’éducation du premier enfant cloné.

C’est encore à la BBC (America cette fois) que l’on doit l’une des nouveautés les plus enthousiasmantes de la saison 2012/2013, Orphan Black. Ou l’histoire d’une jeune paumée, Sarah qui découvre l’existence de ses clones le jour où l’une d’entre elles se suicide devant ses yeux. Elle vole alors son identité de la défunte, Beth et fait la connaissance de Cosima, Alison, Helena et une version allemande.

Ce qu’il a de plus intéressant dans cette série en dehors du fait qu’elle nous fait croire à l’incroyable avec le moins de recours possible à la science-fiction, c’est l’interprétation de la comédienne canadienne Tatiana Maslany. En épousant la frange et les tenues de jogging, elle devient Alison, la mère de famille frigide. En prenant un accent anglais, elle redevient Sarah avant d’enfiler les drealocks de Cosima pour finalement revenir à Beth sans oublier de nous faire coucou sous la perruque blonde d’Helena, la psychopathe.

Comme Nina Dobrev dans The Vampire Diaries ou Anna Torv dans Fringe, les changements esthétiques doivent aider à se mettre en condition mais très rapidement après le pilot, le téléspectateur est happé par la façon qu’à Maslany de passer de l’une à l’autre dans un même épisode, voire dans un même plan. Sa performance est tout simplement bluffante au point que dans les interviews, on s’attend à la voir débarquer entourée de ses doubles !

Mais au final, pourquoi les doubles ont-ils autant la cote dans les séries TV ?

Comme les zombies et les vampires, il ne faut pas écarter l’effet de mode. Les histoires de doubles fonctionne auprès du public, il n’y a donc aucune raison de s’arrêter en si bon chemin.

Plus logiquement, la multiplication des identités physiques assortie à des différences de caractère donne lieu à des scenarii très intéressants à même de creuser la psyché humaine, la place de l’homme dans le monde, de redéfinir le concept même d’humanité (comme dans BSG)… Le sujet parle d’autant plus aux téléspectateurs qu’il y a en chacun de nous une dualité qui s’exprime plus ou moins selon les cas. Il est donc assez excitant de voir un personnage auquel on peut s’identifier transcender sa « normalité », devenir un(e) autre, chose que nous ne pouvons pas faire dans notre vie de tous les jours. Non sans quelques complications en tout cas ! L’existence des Doppelgänger et autres versions clonées ou alternées est une sorte d’exutoire, un cadeau des scénaristes au public mais aussi aux comédiens et comédiennes (en majorité des femmes d’ailleurs) qui se retrouvent avec une partition assez exceptionnelle à jouer, aussi éprouvante et difficile soit-elle.

Que le phénomène perdure ou pas, Mesdames et messieurs, merci pour tout, c’est passionnant à regarder !

Crédit Photo : Fox, BBC America, CW, Syfy

  • Pingback: Un peu de lecture pour la semaine | Les Critikeurs()

  • http://www.dailymars.net Lord-of-babylon

    « Dans son genre, Buffy, The Vampire Slayer aura crée un style hybride qui mélange la notion de Doppelgänger soit double maléfique avec la réalité alternative.  »

    Tout de même. Buffy n’a rien crée en l’occurrence puisque Star Trek puis Star Trek : DS9 utilisés ce concept avec l’univers miroir

  • Cécile

    Nous sommes d’accord mais à ce rythme, il me fallait citer TOUTES les séries qui ont utilisé le principe. Je ne crois pas que les lecteurs auraient eu la patience :)
    C’est bien pour ça que je parle de séries de genre SF et fantastique adeptes de ce genre d’histoires.

  • breizhtraveller

    Pas mal tout ça! On pourrait ouvrir le sujet un peu plus à la réalité alternative, qui permet souvent dans les comédies de jouer avec les choix des personnages et leurs conséquences, comme dans Friends. L’un des meilleurs exemples selon moi restant l’un des épisodes de la dernière saison d’HIMYM où les scénaristes font jouer ensemble différentes versions temporelles de Ted et Barney dans la même soirée.