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Girls just wanna have fun

Girls just wanna have fun
Fanny Lombard Allegra

Une série qui suit les (més)aventures amoureuses et sexuelles de quatre new-yorkaises… Vous voyez où je veux en venir ? Et bien, non ! Enlève tes Manolo Blahnick, Carrie Bradshaw: on parle de Girls, la série de Lena Dunham.

Changement de génération : ici, nos quatre héroïnes ont la vingtaine, et galèrent dans leurs vies sentimentales et professionnelles. Hannah, écrivain en devenir, est incapable de garder un job et enchaîne les histoires de c.. avec des types tous plus bizarres les uns que les autres ; sa meilleure amie Marnie, en pleine crise, ignore ce qu’elle attend de sa vie professionnelle ou amoureuse ; Jessa, la plus sûre d’elle en apparence, cache ses fêlures et son instabilité derrière un masque de bombe sexuelle libérée et déjantée ; sa cousine Soshana, naïve et d’une timidité maladive, découvre à peine la sexualité et la vie de couple. Quatre filles très différentes, tour à tour touchantes ou agaçantes, mais auxquelles on finit par s’attacher.

Un peu vite associée à Sex & The City, Girls désamorce la comparaison dès les premières minutes, en se moquant gentiment de sa grande sœur. Le thème (la vie sentimentale de quatre jeunes femmes), le cadre (New York) et le format (des épisodes de 30 minutes) sont les mêmes ; le ton et le propos sont différents.

Exit le glamour, le strass et les paillettes ; l’univers de girls n’a rien de « girly ». On ne cherche pas forcément son Mr Big : un coup d’un soir, ça peut le faire aussi. Le sexe et les sentiments sont d’ailleurs souvent dissociés, et on parle davantage du premier que des seconds. Avec une liberté, voire une crudité, à faire rougir Hank Moody himself : les chairs s’étalent, les corps s’ébattent avec vigueur et sans aucun romantisme ou sensualité, frôlant le ridicule, voire le glauque. Même une scène potentiellement pornographique en devient comique, et les discussions sur le plug anal ou la fellation prêtent à sourire.

Girls shbo
Hannah, le personnage interprété par Lena Dunham, est souvent au centre de l’action et de la réflexion – au point que le pluriel du titre laisse parfois dubitatif. On a souvent glosé sur l’exhibitionnisme de la série, l’héroïne en particulier n’hésitant pas à se montrer entièrement nue. Mais c’est précisément ce qui caractérise cette jeune femme qui exhibe effectivement un corps imparfait, en use et en abuse à son gré. Sans emploi, sans argent, au milieu d’amies aussi paumées qu’elle, son corps est encore la seule chose qu’elle contrôle. Faute de trouver sa place socialement, elle choisit d’exister, au sens physique du terme ; on s’éclate et on se lâche, en attendant de trouver l’amour, un job stable et le bonheur.

Contrairement à ce que j’ai pu entendre, je ne pense pas que Girls soit une série réaliste. Les situations de départ le sont (je peux en témoigner, ça en est même effrayant !), mais le trait est volontairement forcé, tournant le tragique ou le sordide en dérision. Les dialogues sont enlevés et les réparties fusent – ce n’est pas toujours très fin, mais ça vise toujours juste, en appuyant sur le point sensible. En cela, Girls est une série intéressante : son côté trash assumé rend tolérable et même comique le mal-être quotidien d’une génération névrosée. Mais quand le vernis s’écaille et que les masques tombent, ce sont bien les mêmes quêtes de bonheur et d’amour qui se dévoilent : un cœur de midinette battrait-il au fond de chaque Girl, aussi délurée soit-elle ?

Crédits: HBO