Image Image Image Image Image Image Image Image Image Image
Scroll to top

Top

Un Commentaire

Il était une fois…Profilage par ses créatrices (2/3)

Il était une fois…Profilage par ses créatrices (2/3)
Alexandre LETREN

Nous avons déjà souligné ici même combien la série Profilage était une série qui ne cessait de progresser au fil des saisons. Nous avons aussi eu l’occasion de mentionner les paris risqués mais réussis que la série a su prendre durant sa 4ème saison (ici).
Afin de mieux comprendre comment une série comme Profilage se construit, nous avons rencontré Fanny Robert et Sophie Lebarbier qui oeuvrent à faire en sorte que cette série policière soit différente des autres.

Le grand tournant de la série c’est la saison 3
(Sophie Lebarbier)

On continue de pénétrer dans les coulisses de la série Profilage.
Après vous avoir raconté les débuts de la série, venons-en au travail de création d’un épisode de la série. Quand je recevais il y a quelques mois à la radio Frédéric Azémar pour parler de Odysseus, il me disait que son travail de scénariste sur la série s’était terminé une fois le scénario achevé. Ainsi, et c’est souvent le cas, il est bien difficile pour les créateurs de séries d’assurer jusqu’au bout une cohérence artistique à leur série. Est-ce pareil sur Profilage? « Nous sommes les productrices artistiques de la série, me dit Fanny Robert. Notre travail c’est écrire l’épisode en relation avec notre directeur de production, choisir les réalisateurs. Dès lors, une relation très « intime » se créé avec le réalisateur qui va travailler avec nous, notre réalisateur culte étant Alexandre Laurent qui est revenu pour faire le final de la saison 5. Ensuite, on s’occupe du casting, des décors, des costumes,..Chaque jour, après le tournage, on regarde les rushs, et à la fin du tournage, on participe au montage. » Un vrai travail de showrunner en somme. Comme il en existe peu en France. « Une des clés de la réussite de Profilage, ajoute Sophie Lebarbier, c’est qu’il y a un propos artistique qui est tenu depuis la première idée d’écriture jusqu’à la livraison du P.A.D de l’épisode (prêt à diffuser ndlr). On ne conçoit pas de pouvoir travailler autrement. »

profilage

Dans un paysage audiovisuel où il est si difficile de faire bouger les lignes, comment ces deux jeunes femmes sont-elles parvenues à imposer cette façon de travailler? Le succès grandissant de la série? « On a une position un peu particulière, précise Sophie Lebarbier. Quand on a créé Profilage, nous étions toutes les deux salariés de Beaubourg Audiovisuel (qui produit Profilage mais aussi Falco). Déjà, en France, des scénaristes salariés, c’est peu commun. Quand les gens appelaient à la boîte de production, ils tombaient sur nous. Je ne sais pas si c’est parce qu’on était jeune à l’époque ou si c’était de l’orgueil, mais on a jugé que personne mieux que nous ne pouvait répondre aux questions d’ordre artistique sur la série. Et comme on était derrière le téléphone, on a toujours rempli ce rôle là. Pour passer à l’étape suivante, imposer notre autorité, il a fallu attendre parce que ce n’est pas une façon « normale » de travailler en France. Ça nous a pris deux saisons. L’autorité qui allait avec le travail qu’on fournissait depuis le début, on l’a eu à partir de la saison 3. » Et Fanny Robert de préciser une donnée importante: « Au bout d’un moment, Stéphane Marsil, le producteur de Beaubourg, a décidé de l’acter pour qu’il n’y ait plus de problèmes avec qui que ce soit dans l’équipe (comme un nouveau réalisateur). Ça paraît exceptionnel mais c’est juste assez normal d’avoir quelqu’un qui a une vision de la série et qui la porte jusqu’au bout« .

Normal mais pas automatique on le sait bien, soit en raison d’une chaîne très interventionniste, soit de mauvaises relations avec le producteur. « Il faut des évolutions de part et d’autre, précise Sophie Lebarbier. Certains scénaristes n’ont pas forcément envie d’être en exclusivité sur un projet; et certains producteurs ne souhaitent pas laisser le champs libre aux créateurs de séries. Dans ces deux cas, nous étions dans une situation idéale. Par nature, étant salariées, on était en exclusivité chez Beaubourg et dédiées entièrement à Profilage. Quant à Stéphane Marsil, il a cette grande qualité de savoir déléguer aux gens qu’il emploie. Ça s’est fait naturellement mais pas sans heurts, notamment avec les premiers réalisateurs. Sur une série longue, le réalisateur n’a pas la même position que celle qu’il pouvait avoir sur des unitaires dans les années 80-90, et il a donc fallu que les choses changent à ce niveau là. A partir de la saison 3, on a pu choisir les réalisateurs avec qui alexandre-laurenton souhaitait travailler et ça a tout changé. On doit beaucoup à Alexandre Laurent qui a accompagné notre vision de la série et l’a incarné à l’image« .
Fanny Robert ajoute: « Il fait partie de cette génération de réalisateurs qui a compris qu’on est là pour travailler ensemble, qu’on n’est pas là pour imposer des choses. A partir du moment où on a la même vision, on avance dans la même direction sur l’épisode. On lui explique comment on voit les choses et si il les voit comme nous, on les fait. »

Venons en à un autre aspect de la série. Dans la première partie de cet entretien, Sophie et Fanny nous ont expliqué qu’au début, elle souhaitait faire une série policière à épisode bouclé ce qui devait bien correspondre à TF1 qui avait éliminé toute trace de feuilletonant dans RIS ou Section de recherche. Or aujourd’hui, l’une des grandes forces de Profilage c’est justement que la série se suit, notamment grâce à l’histoire autour de Chloé. « Tout s’est fait de manière progressive sur Profilage, nous raconte Fanny Robert. On voulait faire du bouclé mais on est aussi fan de dramas et on s’est dit qu’on allait y aller doucement. Au début, les choses se mettent en place, on présente les personnages et, de manière assez naturelle finalement, les fils narratifs s’épaississent. On s’est aussi vite rendu compte que ce les gens aimaient, en plus du polar, ce sont les personnages. »
Sophie Lebarbier ajoute et précise: « Il y a aussi le fait de travailler avec des comédiens qui nous inspirent beaucoup« .
J’en profite pour revenir sur un aspect de la série qui m’a un peu surpris. La saison 2 s’achève sur le meurtre de Perrac par Louise (Marie Kremer) qui s’enfuit après l’avoir tué. Au début de la saison 3, on ne la revoit plus et on ne dit pas ce qu’elle est advenue:
« Louise revient en saison 5, annonce Sophie Lebarbier. On va la retrouver en saison 5 mais en gros, elle a été arrêtée. » Sentant que je ne suis pas convaincu, Fanny Robert « vient à mon secours » et précise: « Je me souviens qu’on avait tourné une scène qui était assez longue expliquant qu’elle avait été arrêtée et mise en prison, et on l’a finalement coupé« . Voilà qui est dit!

PROFILAGE SAISON 4

Venons-en aux changements opérés en saison 3 et 4. Désormais, la série a des épisodes thématisés, avec une ambiance différente à chaque fois, un ton. Pour Fanny Robert, « il y a un vrai plaisir à s’amuser et à amener les gens dans pleins de genres narratifs différents en étant toujours sincère dans l’histoire que l’on raconte. On promet toujours un polar fort tout en s’amusant sur un épisode hommage à L’exorciste ou qui se situe dans le passé. On espère pouvoir vous emmener partout, tout en restant dans Profilage. On met des hommages à Cold Case, Dexter, Buffy, X-Files et on s’amuse« . Un mélange de genres qu’on adore et qu’on veut voir se poursuivre. Mais j’aurais aimé être une petite souris quand Fanny et Sophie en ont parlé à TF1. Transpirations? Palpitations? « On a une très bonne relation avec TF1, explique Sophie Lebarbier. La contrepartie d’attendre de nous de livrer 12 épisodes en 12 mois c’est un mandat de confiance. Ils ne peuvent pas se permettre d’intervenir sans arrêt. A charge pour nous de le remplir ce mandat. Nous n’avons donc aucune censure de la part de TF1″. Même pas en fin de saison 4 quand Chloé se pend dans sa cellule? « Non même pas, confirme Fanny Robert. On nous a juste dit que c’était génial« .

C’est terrible finalement car tout a l’air simple alors qu’on a la sensation concernant TF1 d’une chaîne qui empêcherait toute velléité d’innovation. Serait-ce donc les auteurs qui se sont mis eux mêmes la pression, persuadés que les choses ne passeraient pas? Pour Sophie Lebarbier, « étant productrices et auteures de la série, on les voit très souvent, ils nous connaissent beaucoup, ils connaissent notre façon de travailler, savent qu’on est très réactives, et surtout, ils savent qu’on est très responsable. En nous disant oui, ils savent qu’on le fera avec responsabilité sans partir dans des délires et en faisant des choses qui ne passeraient pas sur la chaîne. Ils savent très bien qu’on ne fera quelque chose que si on est certaine que ça ne sera pas bancal« . Le fait que la série réunisse 7 millions de personnes chaque semaine n’est bien entendu pas étranger à cette confiance, comme le confie très bien Fanny Robert: « si nos épisodes concept se prenaient une veste chaque semaine, ce serait sans doute différent et même nous, on se remettrait en question« .

Après le final de la saison 4, il est une nouvelle fois assez remarquable de voir ce que nos deux auteures se sont permis de faire avec Chloé. Comment poursuivre sur cette lancée? A quoi va ressembler la saison 5? Quid des nouveaux personnages comme Adèle?
Réponse dès demain sur Season One.

A suivre…

Crédits: TF1/ Beaubourg Audiovisuel
Retrouvez la 1ère partie de cet entretien dédiée aux origines de la série ici
Profilage, « Mention Spéciale 2014″ pour Season One ici

Votez pour Profilage, pour Odile Vuillemin ainsi que pour Fanny Robert et Sophie Lebarbier à notre grand sondage « Choisissez le meilleur de la fiction française«