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5 Commentaires

Jordskott: Men vs wild

Jordskott: Men vs wild
Alexandre LETREN

La review

LA SAISON
7.5
LE SCENARIO
7
LE CASTING
7.5
LA REALISATION
7
7.3

GROS COUP DE COEUR

Dès lors que la série vous attrape, elle ne vous lâche plus

Jordskott fut l’une des sensations surprises du dernier Festival Séries Mania, confirmée en juin par la présence de son actrice principale, Moa Gammel, au Festival de télévision de Monte-Carlo. Un thriller nordique teinté de fantastique, une série suédoise utilisant les codes des séries américaines tout en gardant sa propre identité. Voilà les ingrédients de cette série phénomène qui, on l’espère, arrivera bientôt chez nous.
Season One a vu pour vous l’intégralité de la saison 1 de Jordskott et vous dit pourquoi il faut absolument la voir.

Voilà deux fois que le Festival Séries Mania m’offre un coup de cœur. Après Série Noire l’an passé, c’est au tour de Jordskott cette année. Et honnêtement, quelle sensation! A l’instant où j’écris ces lignes, je suis retourné par cet univers riche, ces intrigues multiples, le jeu tout en justesse de Moa Gammel héroïne de la série, la poésie qui plane par moment et le message véhiculé. Oui retourné au point d’en oublier certaines facilités, certains égarements.

Jordskott3Sept ans après la disparition de sa fille, l’inspectrice Eva Thörnblad n’a pas encore fait son deuil. Elle n’arrive toujours pas à croire à la thèse du simple accident. Quand elle apprend qu’un jeune garçon vient de disparaître dans la même forêt que sa fille, Eva décide de retourner dans sa ville natale afin de faire la lumière sur cette enquête. 

De prime abord, quand on arrive à Jordskott, une sensation étrange nous envahit. Si l’intrigue de départ semble nous emmener tout droit vers un polar nordique comme on en connaît déjà beaucoup, le générique semble nous dire autre chose. Il semble nous dire que l’univers de la série est bien plus complexe; que passé et présent vont se mélanger, que quelque chose d’autre nous attend. Mais à mesure que le pilote se déroule, tout nous semble pourtant toujours assez familier. Eva nous rappelle bon nombre d’héroïne nordique vues dans Bron ou The killing, des femmes fortes prenant leur destin en main et ne reculant devant rien ni personne pour mener à bien leur enquête. L’enquête elle même semble ressembler à tant d’autres: un enfant disparu, de sombres secrets remontant à la surface,…Hésitant à l’idée dans replonger dans quelque chose que j’ai déjà vu de nombreuses, je poursuis cependant car à l’issu de son premier épisode, Jordskott réserve un beau cadeau, une belle surprise: la série bascule soudain dans le conte fantastique.

Cette sensation ressentie lors du visionnage du générique se vérifie, se confirme, s’amplifie. Quelque chose a changé. Jordskott déploie alors sa mythologie, entremêlant les histoires entre elles, perdant le téléspectateur qui ne sait plus où donner de la tête. Les fausses pistes se multiplient: des enfants disparus, de mystérieux assassinats, un étrange inconnu qui ère dans la forêt. Et la forêt. Personnage central de la série. C’est autour d’elle que se cristallise toutes les histoires, qu’elles soient liées à la partie polar ou pas.
La force de Jordskott c’est de faire admettre au téléspectateur qu’il est dans un univers fantastique sans jamais réellement trop lui en montrer. A de rares moments, la série bascule dans le fantastique pur mais le gros de l’histoire se passe dans un monde qui « pourrait » être le nôtre. Tout se passe toujours presque caché, dans l’ombre. Le surnaturel n’est quasiment  jamais montré de manière frontal, direct. Il est là, on le sait alors nulle besoin de le matérialiser trop souvent. Ça ne le rend que plus étrange, poétique. Une poésie mise au service d’un message purement écologique pour le coup: « quand on offense la nature, elle se venge ». Je n’en dirai pas plus car la découverte de l’univers de la série vaut le coup. Je dirai juste que Jordskott utilise avec beaucoup de justesse et de finesse les contes mythologiques qu’elle transpose dans le monde réel pour raconter son histoire. Autrement dit, Jordskott fait ce que Grimm par exemple n’est jamais parvenue à faire…

Jordskott2

Pour mener à bien cette série, il fallait une héroïne de taille. Dire que Moa Gammel remplit ce rôle à la perfection est un doux euphémisme. Elle est juste époustouflante. Dure et magnétique, douce et solide, bouleversante par moment (la toute fin de la saison avec Josefine, sa fille, m’a tiré une petite larmichette). Eva est une héroïne moderne. Fragile, elle ne réussit pas tout et franchit même la ligne rouge pour parvenir à ses fins, mettant même le spectateur dans une situation très très inconfortable pour continuer « à la suivre« . Mais comment ne pas la suivre? C’est un rôle de choix proposée à une comédienne. Quel beau cadeau Henrik BJÖRN, créateur de la série, lui a fait!
Mais les autres rôles autour d’elles ne sont pas en reste non plus. Difficile de dire qui « le vilain » dans cette série tant les personnages sont malmenés durant les 10 épisodes de la série. La force des séries nordiques s’y retrouve d’ailleurs puisque l’écriture ne nous permet finalement jamais totalement d’adhérer ou de rejeter un personnage.

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Henrik Björn. Il a construit un univers d’une richesse incroyable. Une mythologie solide, maîtrisée et qui ne dévoile qu’une toute petite partie de son potentiel. On sent que le garçon en a encore sous le pied et qu’il a gardé des cartouches pour une possible suite à la série. Auteur et réalisateur de la série, il a ainsi pu garder le contrôle de son histoire de bout en bout et ça se voit.
La ville de Silverhöjd, théâtre de l’action de la série, a un passé chargé, mystérieux et, à l’image de la forêt planant aux alentours de Twin Peaks, possède des bois dont les secrets n’ont pas fini de vous surprendre, se dévoilant petit à petit sans jamais vraiment tout dire. Le mystère plane tout du long. Car en épousant une narration finalement assez basique (la construction de la saison se fait comme dans bon nombre de séries américaines), Jordskott propose une histoire qui elle est tout sauf commune.

Je n’en dirai pas plus car il ne fait aucun doute que Jordskott arrivera tôt ou tard en France. C’est une série calibrée pour plaire à l’international tout en conservant son identité de série nordique. Comme moi, je vous souhaite d’être embarqué par la création de Björn, riche et qui ne nous ménage jamais. Pas même à la fin. Pas tellement de happy end (quoi que…) et un champs des possibles énorme. Vite vite, offrez-nous la suite.

Crédits: © Johan Paulin – Palladium Fiction

  • Pingback: Season One #264: Jordskott | Season One()

  • kevin

    bonjour ,
    Ou peut-on trouver la série en VOSTFR svp ?

    • Il n’y a pas de VOSTFR à ce jour mais de VOST Anglais trouvable sur le net

  • Pingback: [Interview] Jordskott: « Notre but était de clouer le public au canapé » | Season One()

  • atreyu

    un chef d’oeuvre télévisuel tout simplement ! une des plus fortes histoires que j’ai pu voir sur le petit écran, l’intelligence d’écriture, que ce soti a travers le récit conté et les dialogues, la présence de la nature comme vecteur de quelque chose, une aura subtile, qui vous prend du début a la fin pour aboutir a ce que j’ai de plus intense en émotions, en sensations, depuis bien longtemps sur le petit écran. Bravo aux suédois, pour la justesse de magnifique voyage, plein de mystères, que je ne suis pas pret d’oublier….