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Judith Davis, une vraie héroïne de série

Judith Davis, une vraie héroïne de série
Alexandre LETREN

Arte développe depuis quelques mois une politique de mini séries ambitieuses. Ce soir, la chaîne franco-allemande diffusera sa nouvelle production, Virage Nord, une vraie série « nordique » dont l’action est portée par une vraie belle héroïne campée par Judith Davis.
Nous avons pu échanger avec la jeune comédienne qui nous parle de son rôle dans la série événement de Virginie Sauveur.

Retrouvez notre critique de la série ici

Season One: Votre personnage rappelle les héroïnes de séries comme « The Killing » ou « Bron ». Est-ce un aspect qui vous aussi intéressé à la lecture du scénario?

Judith Davis: J’ai rencontré Virginie assez vite après avoir lu le scénario et elle m’a montré quelques photos de repérages qu’elle avait fait dans le nord où on a tourné et ça m’a permis de vite comprendre quel univers elle souhaitait pour la série et j’ai donc effectivement immédiatement pensé à toutes ces figures là. Notamment la série Bron que j’avais vu peu de temps avant, de part l’atmosphère, la tension, la couleur des images et le fait que le décors soit comme un personnage à part entière. Alexandra est aussi comme ces héroïnes un personnage très renfermé, qui ne montre pas ses émotions, et ça a été un très grand défi de jeu pour moi dès le début car en principe « jouer » c’est justement montrer des émotions. Il a fallu tenir bon pour travailler avec Virginie sur la construction du personnage, et faire en sorte que l’on croit aussi bien à ces moments où elle garde pour elle, que ceux où elle lâche un peu quelque chose. Mais j’avais une vraie crainte durant la phase de travail de savoir si le public allait s’attacher à ce personnage, l’aimer ou pas.

Season One: Qu’est ce qui vous a séduit dans l’histoire?

J.D: C’est un ensemble de choses. Déjà le personnage. Je n’avais jamais joué de flic donc c’était un vrai challenge pour moi. J’aime aussi beaucoup la manière que Virginie a de parler du nord qui est un endroit où j’ai pas mal travaillé. J’ai aussi beaucoup aimé son traitement des personnages pour lesquels on peut tout imaginer, l’histoire qu’ils ont derrière, le milieu social, les difficultés rencontrées notamment par les jeunes, cette façon qu’ils ont de se retrouver sur la plage à boire des bières parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire de la journée,..Tout ça reste en même temps à l’arrière plan et en même temps dans l’imagination du spectateur. J’ai aussi adoré sa manière de parler du foot qui n’est jamais dans quelque chose d’attendue, évitant les « clichés » du genre. Virginie a su aborder ses thèmes avec finesse, montrant toujours les deux côtés du miroir avec une histoire suffisamment ample pour montrer tous ces aspects sans jamais se perdre.

Season One: Tous les personnages existent avant, pendant et après l’histoire

J.D: Oui c’est tout à fait ça. Ils ont vraiment été bien construits à l’écriture par Virginie et ses deux co scénaristes. Chaque personnage a plusieurs facettes, les méchants ne sont jamais vraiment que méchant par exemple. C’était vraiment pour tout le monde intéressant de camper de tels personnages. Concernant Alexandra, j’ai beaucoup aimé le fait que, même si dans sa vie personnelle elle ne parvient pas à dire les choses, dans son métier, les choses sont en revanche assez claires, assez calées. Elle est très droite, très efficace et sait faire avancer l’enquête quand il le faut même si elle ne résout pas tout.

VNord

Season One: Alexandra a une histoire très particulière avec cette ville qu’elle a du fuir étant plus jeune. Une thématique que l’on retrouve souvent dans beaucoup de séries, notamment américaines. 

J.D: Elle cherche avant tout à fuir sa propre histoires et les démons de son passé. C’est toujours tellement plus simple de recommencer une vie ailleurs que d’affronter ses démons. J’ai beaucoup aimé cette façon de lier l’enquête policière à une « enquête intime » sur son propre passé. C’est aussi un motif que l’on connaît déjà mais le mélanger avec ces éléments qu’on a déjà cité était vraiment très original.

Season One: Votre personnage est très présent à l’image. On imagine que le tournage a dû être très rock’n roll pour vous?

J.D: Oui effectivement ça l’a été car la série dure l’équivalent de deux grands films avec le même temps que pour faire un film avec peu de budget c’est à dire 6 semaines. C’est dingue quand on y repense car quand on regarde a qualité de l’image, les propositions des acteurs, cette vraie exigence qu’il y a, on n’a pas l’impression que le tournage ait été aussi rapide. Ce qui est compliqué du coup c’est que maintenant, on va se dire qu’on peut de la très bonne qualité en peu de temps. Mais il faut garder en tête que la vérité est tout autre. On a souvent dépasser les délais, des gens ont pu se blesser car on tournait trop vite et ça c’est pas normal. Le résultat est que c’est possible oui mais ça a un coût et un coût humain. Je ne dis ça contre personnage mais je parle plus d’un système qui veut qu’on travaille comme ça. Il faut vraiment que ça soit entendu car on aura beau faire tout ce que l’on peut, il y a un moment où on ne pourra pas faire plus. Après, je suis évidemment contente qu’on ait pu faire quelque chose de bien, je suis vraiment fière pour toute l’équipe, pour Virginie Sauveur et son projet. Mais c’est important que les gens comprennent aussi comment ça s’est passé.
Ce temps très concentré a été aussi pour moi source de doutes à un certain moment. Comme on avait peu de temps pour se préparer, et ça va peut-être paraître bête, mais j’avais peur par exemple de ne pas être crédible dans certaines actions, comme en tenant l’arme, alors que c’était très important pour moi.

Season On: C’est vrai qu’au départ, on peut se dire que votre personnage est « jeune » pour être à ce poste, mais très vite, on l’accepte et il n’y aucun soucis de crédibilité. 

J.D: C’était aussi un défi pour moi. On a souvent l’habitude de voir dans des fictions des acteurs flics « plus vieux » que l’âge réel de leur personnage. On a donc déformé dans notre regard de spectateur ce que ça voulait dire d’avoir 30, 40 ou 50 ans car généralement les acteurs n’ont pas toujours l’âge de leur rôle. Or, avoir une policière capitaine de police à 32 ans et qui me ressemble, c’est plus que crédible dans la vie. On a juste peut-être pas l’habitude de se dire que quelqu’un de 32 ans peut me ressembler. Il y a eu donc tout un challenge pour rendre le personnage assez mature et assez encré. Mais c’est vrai que durant les premières minutes, des gens ont été un peu étonnés de nous voir flics. C’est pareil par exemple pour Clémence Poésy dans The Tunnel, qui comme Alexandra, dégage quelque chose à la fois de droit et de « juvénile », qui est la réalité et l’ambiguïté d’une personnage de 30 ans d’aujourd’hui.

Crédits© Séverine Brigeot/ Arte