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Kaboul Kitchen saison 2: Amanullah Style

Kaboul Kitchen saison 2: Amanullah Style
Alexandre LETREN

La review

LA SAISON
7
LE SCENARIO
6
LE CASTING
6.5
6.5

Enlevée

Une saison 2 plus réussie que la première et qui fait la part belle à la tension et au personnage de Amanullah. Un petit moment de plaisir

C’est le 13 janvier que la série Kaboul Kitchen va faire son retour sur Canal+ pour une saison 2 inédite. Douze nouveaux épisodes pour une nouvelle saison très différente de la première, recentrée pour notre plus grand plaisir sur le personnage de Amanullah. Est-elle pour autant réussie?

Jacky rentre de captivité. Il est ruiné, son restaurant est détruit. Mais pas question de rentrer à Paris, d’autant que sa fille Sophie est toujours à Kaboul. Jacky veut relancer son business, quitte à se faire financer par les américains via leur allié, le colonel Amanullah, désormais député. Pour la CIA, la contrepartie est simple, il s’agit de leur fournir quelques renseignements, bref faire l’espion. Jacky va se retrouver embringué dans un jeu hautement dangereux et nerveusement épuisant : contenir la CIA, contrer la DGSE, comprendre l’agenda d’Amanullah, convaincre sa psy qu’il est apte à rester à Kaboul, empêcher sa fille de tomber dans les bras de son meilleur ennemi…(Résumé Le Blog TV News)

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En saison 2, Kaboul Kitchen a changé en profondeur. Elle a mûri et appris de ses erreurs de la saison 1. D’une série à histoires bouclées ou presque en saison 1, elle s’est changée en une série presque intégralement feuilletonnante, avec une intrigue mêlant intimement les destins de Jacky Robert (Gilbert Melki) et Amanullah (Simon Abkarian). Ce dernier trouve d’ailleurs une place beaucoup plus importante dans cette saison puisque, malgré une présence moindre dans les 12 premiers épisodes, il était apparu que le public l’aimait beaucoup (et à juste titre). Tous les éléments sont donc réunis pour que cette saison soit une réussite…et elle l’est.

Tout comme en saison 1, Kaboul Kitchen joue sur le genre de la dramédie, genre peu pratiqué dans la fiction française (mais que les américains connaissent bien au travers de série comme Nurse Jackie ou United States of Tara par exemple). Comme souvent lorsqu’on joue sur des registres assez opposés (l’humour et la situation afghane 5 ans après le 11 septembre semblent difficilement compatible), on se retrouve à marcher sur une ligne dangereuse en permanence. Partisan du vieille adage qui dit qu’on peut rire de tout, rien ne me fait peur dans l’humour utilisé dans Kaboul Kitchen. Ce qui me gênait en saison 1, et qui me gêne toujours en saison 2, c’est que la présence de la partie comédie semble limiter la portée dramatique de l’histoire. Dans la première partie de la saison, certaines réactions de Amanullah semblent « contenues » pour ne pas sortir du genre de la série. Si cela fonctionne aux Etats-Unis, c’est que ce sont plus souvent des séries dramatiques dans laquelle, à l’image de la vie, on trouve des moments de légèreté et d’humour, là où, chez nous, la comédie doit prendre le pas sur le drame. Mais, à mi-chemin environ, la série effectue un changement de trajectoire, s’assombrit très nettement et ressert ses enjeux…pour le meilleur. Il y a des dommages collatéraux bien entendu, et certains personnages principaux en font les frais. Par exemple, malgré le grand talent de Stéphanie Pasterkamp, il apparaît assez vite que ses intrigues ne sont là que pour remplir les épisodes plus que pour apporter un vrai enjeu de narration.

« Show devant », Amanullah is coming

amanullah

Incontestablement, la valeur sûre de cette saison c’est Simon Abkarian en Colonel/Député/Ministre Amanullah. Le personnage renferme en lui un potentiel comique incroyable, mais aussi une part sombre qui fait froid dans le dos et qui est clairement assumée, chose différente de la saison précédente. En effet, en saison 1, c’est c’est par des insinuations, des sous-entendues, que l’on comprenait combien il était dangereux. En saison 2, les choses sont clairement dites: Amanullah est un psychopathe qui peut en une seconde passer de l’accolade sincère au pétage de plombs intégral. En ça, l’incroyable talent de Abkarian fait pour beaucoup à la force du personnage. C’est un comédien brillant, aussi à l’aise dans le registre comique que dans celui ultra sombre que renferme son personnage. La trajectoire de son personnage tout au long de la saison est finement menée et passionnante à voir. Dans les derniers épisodes, lors d’une scène avec Axel, il va du personnage ultra drôle au fou total. Impressionnant. Le ressort comique de Amanullah est certes un peu répétitif (son français approximatif est source de création d’expressions nouvelles très drôles) mais le talent de Abkarian suffit à tout emporter.

kaboul 2Mais la force de l’évolution du personnage dans cette saison c’est aussi de nous le montrer sous un troisième visage: un visage humain.
D’abord grâce à son rapport avec sa fille Lala, divinement interprétée par Karina Testa. Ce n’est pas un secret si vous nous lisez ou nous écoutez, j’ai un petit faible pour cette talentueuse comédienne depuis Odysseus, et elle brille à nouveau dans un rôle très différent mais tout en nuances, dans le rôle de cette jeune femme qui symbolise à la fois la vigueur de la jeunesse afghane, mais aussi l’héritage de l’Histoire de son peuple, de sa famille. Tiraillée entre son père et Axel, Lala est un personnage passionnant mais pas assez présent à mon goût.
L’autre aspect qui nous montre Amanullah sous un visage plus humain, c’est dans son rapport avec Jacky. Son ami Jacky. SPOILERS. Dans cette saison, les deux hommes vont passer d’un rapport de vraie amitié à celui d’ennemis jurés. Mais lorsque Amanullah vient mettre en garde Jacky en fin de saison, et lâche un « adieu mon ami » en afghan, on le sait sincère et c’est une très belle scène. Idem dans l’une des toutes dernières scènes de la saison quand on le voit verser une larme, on sait que cette larme est réelle bien qu’il sache qu’il ne pouvait faire autrement. FIN DES SPOILERS. Mais Abkarian est tout simplement impressionnant et son talent a vite tendance à tout vampiriser. A côté, le jeu sans nuances de Gilbert Melki ressort encore plus. Sa tendance à tout jouer sur le même registre, comédie ou drame, apparaît comme plus criante. Seul un grand talent de jeu permet de passer d’un registre à l’autre sans que cela ne choque. Abkarian y arrive facilement. Melki non. Et pourtant, ces deux là sont devenus après cette saison parfaitement indissociable. C’est la force du scénario.

« Ça craint du cul patron! »

Je ne veux pas terminer cet article sans mentionner un comédien vraiment super qui apporte aussi une bonne dose de comédie dans la série et il s’agit de Fayçal Azizi alias Habib. Drôle et touchant à la fois, jamais méchant, il est non seulement l’atout majeur de Jacky, du Kaboul Kitchen…et de la série

habib

Non la saison 2 de Kaboul Kitchen n’est pas parfaite: la transformation de Jacky en agent secret est très grosse, l’image des Américains bien que correspondant à la vision de l’Amérique de Bush est tout de même très exagérée,…tout n’est donc pas réussi mais je ressors du visionnage de cette saison avec un sentiment très positif et je trouve ces 12 nouveaux épisodes bien supérieurs aux 12 premiers. La tension y est beaucoup plus maintenue, montant crescendo tout au long de la saison pour arriver à un final vraiment tendu et réussi, laissant présager une saison 3 (déjà en écriture) des plus réussies. On en redemande!!

Crédits: © Canal+