Image Image Image Image Image Image Image Image Image Image
Scroll to top

Top

6 Commentaires

Les hommes de l’ombre saison 2: Il faut choisir!

Les hommes de l’ombre saison 2: Il faut choisir!
Alexandre LETREN

La review

LA SAISON
5.5
LE SCENARIO
5
LE CASTING
5.5
LA REALISATION
6
5.5

La "gourmandise" est un vilain défaut

Après de multiples tumultes (départ de l’actrice principale et du créateur de la série Dan Franck), la saison 2 de Les hommes de l’ombre arrive sur France 2. 6 nouveaux épisodes pour poursuivre le triptyque entamé sur la vie politique via le regard des communicants. Après la conquête du pouvoir en saison 1 et avant la perte du pouvoir en saison 3, la saison 2 ambitionne de nous montrer et de nous conter l’exercice du pouvoir. Considérée comme une vraie réussite en saison 1, Les hommes de l’ombre ne parvient malheureusement pas à réitérer la prouesse en saison 2.

Un an après les élections présidentielles perdues par Anne Visage, le nouveau président de la République, Alain Marjorie (Nicolas Marié), doit affronter deux crises : l’une, personnelle, et l’autre, politique.

Sa femme Élisabeth (Carole Bouquet) a un accident de voiture alors qu’elle est au volant. Son passager et amant est tué sur le coup. Benoît Hussan (Olivier Rabourdin), ministre de l’Intérieur et ami du couple présidentiel depuis trente ans, étouffe l’affaire. Mais un mois plus tard, il est à son tour touché par un scandale, financier celui-là… Simon Kapita est alors rappelé à l’Élysée pour organiser la parade médiatique, contre l’avis de la secrétaire générale, Gabrielle Tackichieff (Aure Atika).

Le sens de la stratégie et de la communication de Simon sera mis à rude épreuve, d’autant que l’opposition est bien décidée à orchestrer ces scandales pour faire tomber le gouvernement. Ludovic Desmeuze n’hésite pas à s’attaquer directement au talon d’Achille du président : sa femme

Précédemment dans Les hommes de l’ombre…

En saison1, Les hommes de l’ombre bouscule les habitudes du téléspectateur de France 2. Plus habitué au polar classique, il voit débarquer une série non seulement très rythmée, bien réalisée, mais qui s’intéresse à un aspect quasiment jamais traité à la télévision française à savoir la vie politique (exception faite de L’Etat de Grace). 6 épisodes pour convaincre et la série y parvient sans grande difficulté en usant de stratagèmes scénaristiques malins pour raconter une histoire.
Trois recettes pour un résultat vitaminé: 1 attentat, 1 mensonge d’Etat et une élection. Le compte à rebours est lancé et va se dérouler devant nous. Mais bien plus qu’une histoire politique, c’est à un duel implacable entre deux hommes que l’on assiste, deux communicants qui ont une vision différente de la politique et de leur métier: Ludovic Demeuze et Simon Kapita. Au terme du 6ème épisode, l’élection était jouée et le résultat connu…par les personnages de la série. Pas par nous, les auteurs ayant pris soin de ne pas nous mettre dans la confidence. Tout au plus pouvait-on voir Kapita esquisser un petit sourire. Fin du round 1!

Les-Hommes-de-l-ombre-Saison-2Une saison 2 qui ne sait pas choisir

Plus de 2 ans plus tard, la saison 2 arrive…très différente de ce qu’elle aurait du être. En effet, c’est Anne Visage (Nathalie Baye) qui aurait du remporter la victoire et exercer le pouvoir. Mais suite au départ de la comédienne, c’est son challenger Marjorie (Nicolas Marié) qui devient le Président. Homme politique de gauche, il y a donc moyen de raconter des choses intéressantes et qui peuvent se télescoper avec la « vraie vie ». Mais la première erreur de cette saison 2 est d’enchaîner des simili name dropping en donnant à des journaux, entreprises des noms proches ou rappelant le monde réel (Pygmalion/Bymalion, Media Mag/Mediapart,…). Amusant au premier, vraiment fatiguant quand ça devient systématique.

Autre point gênant. Il y a une vraie difficulté à s’attacher au personnage de Marjorie. Pourtant très bien campé par Nicolas Marié, il n’en demeure pas moins que la série n’a pas été initialement créée pour lui et que ça se sent. Si ça avait été le cas, c’est la saison 1 qui nous l’aurait présenté, et la saison 2 qui l’aurait plongé dans le feu de l’action. Or, dès les premières minutes de cette saison, on est plongé tout de suite dans le bain. Point positif, la série nous capte tout de suite; point négatif, on n’a pas le temps de s’attacher ni à Marjorie, ni à son épouse qui est pourtant censée être un personnage phare. Au passage, outre que le côté bipolaire a déjà été vu plein de fois, je ne saisis pas trop en quoi c’était utile de faire appel à Carole Bouquet…si ce n’est justement en pur outil marketing (une grande comédienne de cinéma remplace l’autre).

kapita-la1eredameEnfin, et c’est sans doute l’aspect le plus embêtant: la saison 2 démontre que les auteurs semblent avoir été incapables de choisir ce qu’ils voulaient raconter. Autrement dit, de choisir! Quand on veut couvrir en 6 épisodes ce qu’une série comme The west wing raconte en 7 saisons de 22 épisodes, il faut nécessairement renoncer à parler de certaines choses. Il faut prendre un instantané de la vie politique, quelque chose de symbolique. En ça, l’intrigue développée dans la seconde partie de la saison autour des otages est vraiment très intéressante et aurait très bien pu se suffire à elle-même sur l’ensemble de la saison.  Le personnage de Bakian, qui n’est pas sans rappeler celui de Ziad Takieddine, est sombre, complexe, et surtout un élément intéressant pour montrer comment on est parfois amené à exercer le pouvoir. Mais avant ça, plutôt que de faire comme dans Un village français (autre production Tétra Média) et « angler » la saison, on veut nous dire tout. On a donc droit en 6 épisodes, outre les otages donc, à une secret d’Etat lié à la femme du Président, un scandale politico-financier, une défiance face au Gouvernement, un entreprise de sidérurgie qui connaît des difficultés et cherche un repreneur (!!!),…Prises de manière séparée, ce ne sont que des histoires passionnantes et qui auraient mérité un traitement approfondi. Mais empilées de la sorte, cela rend la saison indigeste car trop chargée et c’est dommage.

Côté casting, ça joue bien. Nicolas Marié est plutôt convainquant, Grégory Fitoussi trop dans la caricature donc nettement moins bon qu’en saison 1; Emmanuelle Bach pas assez présente et on ne peut que le regretter. Idem pour Philippe Magnan, délicieusement infect en saison 1 et trop effacé en saison 2.

Au final, la saison 2 n’est pas mauvaise, elle est simplement mal construite à mon goût. Je ne retrouve pas l’élan réellement positif que j’avais vu dans la saison 1. Toujours servie par une réalisation nerveuse, et un casting homogène, Les hommes de l’ombre gagnerait donc à être moins gourmande dans ce qu’elle souhaite raconter au risque de nous voir tomber dans l’indigestion. Une situation qu’on ne souhaite bien entendu pas car la série demeure l’une des belles productions de la télé française.

Crédits: France 2