Nos sagas de l’été (2/8): Les grandes marées
La review
LA SERIE
7LE CASTING
6.5LE SCENARIO
6.5Vraie spécificité française, les sagas de l’été ont peu à peu disparu de la télévision française depuis quelques années après avoir longtemps trusté les audiences des grandes chaînes. Qu’elles soient romanesques, policières ou encore surnaturelles, elles nous ont longtemps accompagnés d’été en été. Jusqu’au 4 septembre, Season One vous propose de revenir chaque mercredi sur 8 d’entre elles. Des années 90 aux années 2000, de France 2 à TF1 en passant par M6, nous allons nous replonger dans nos souvenirs d’été.
Pour ce second épisode, on retourne dans les années 90 pour s’intéresser à une saga plus « politique »: Les grandes marées.
François Chevalier, pris en otage au Nicaragua plonge sa femme Léna et son fils Julien dans la tourmente et dans une lutte acharnée pour sa libération. Le père de la meilleure amie de Léna, Philippine, lutte, lui, contre son passé noir et lourd. Il a collaboré avec les Allemands et déporté de nombreux juifs et est recherché. Et c’est sa propre belle fille, Maïté, avocate, qui est chargée du dossier. Sa fille Philippine, elle, tombe amoureuse de Bruno Feldman, dont les parents furent déportés. Ces deux familles se trouvent alors bouleversées et les conflits vont commencer. Le passé va reprendre sa place et les secrets se révéler
Les grandes marées a des classiques sagas de l’été son goût pour les histoires de famille à tiroir et son casting de luxe. Toujours réalisée par Jean Sagols qui réalisa l’année d’avant la mythique Les cœurs brûlés, elle compte à son casting, une nouvelle fois, la fine fleur des comédiens et des visages de la fiction de TF1. Si Nicole Calfan joue le rôle principale de cette saga (elle jouera plusieurs années plus tard dans une saga de France 2, 3 femmes…un soir d’été), c’est Bernard Le Coq qui joue son mari (il interprète alors depuis un an à peine le rôle principal de Une famille formidable), Pierre Vaneck est aussi de la partie (Les cœurs brûlés), tout comme Alain Doutey (Les cœurs brûlés), Jean-Pierre Bouvier (qui sera dans Les Yeux d’Hélène l’année suivante), Jean-Marc Thibault (Maguy est finie depuis l’année d’avant) ou la toute jeune Barbara Schulz. Mais malgré ce casting de choix et cette histoire passionnante, la saga de l’été de TF1 fut battue cette année là par la mythique saga Le château des oliviers (France 2). Pourquoi? Deux raisons à cela.
La première raison est purement formelle. Si Dolmen brisera les codes quelques années plus tard en transposant son action sous la pluie de la Bretagne, il est encore de bon temps à cette époque là d’offrir un peu de dépaysement à ses téléspectateurs. Plus longues que celles des années 2000 (8 épisodes contre 5 dans les années 2000), les sagas de l’époque durent donc tout l’été. Les gens ont besoin de voir du soleil, de beaux décors. Les séries « réalistes » n’ont que très peu la cote dans ces années là à la télévision française. Or, en prenant place sur la côté atlantique, avec un temps changeant (et qui reflète l’ambiance de la série), le rêve n’est pas de mise dans cette série. Ce sont davantage des gens du quotidien.
Mais c’est assurément son thème qui a déboussolé le public. La série se veut dure, sombre, explorant des thèmes touchant à la géopolitique. On y parle d’otages politiques et la série s’ouvre sur une grève de la faim. Avec le personnage de François Le Chevalier, Les grandes marées aborde un thème très prisé des séries d’aujourd’hui à savoir le retour de prisonniers de guerre et/ou politiques et l’impact que leur captivité a eu sur eux, ainsi que la manière dont ils vont réapprendre à vivre. Si les Etats-Unis ont maintes fois abordé le sujet avec les vétérans du Vietnam, la France n’est pas tellement coutumière du fait. La série décide aussi de s’intéresser à un sujet sensible à savoir le rôle de la France dans la collaboration. Un an à peine après l’ouverture du procès de Paul Touvier, et en pleine bataille juridique pour que Maurice Papon soit jugé, le sujet est sensible et, par l’intermédiaire des personnages joués par Patachou et Jean-Marc Thibault, c’est la collaboration qui est abordée dans cette série. Quand on connaît l’histoire de la Rochelle (ville où prend place la série), on se dit qu’il fallait bien entendu l’évoquer. Des sujets passionnants mais que les téléspectateurs de TF1 n’avaient sans doute pas envie de voir en plein été.
Malgré le fait que la série n’aura pas eu le succès escompté et qu’elle ne sera pas obligatoirement restée dans les mémoires, Les grandes marées est une jolie saga, plus engagée et moins romanesque que les autres. Mais elle n’en demeure pas moins passionnante et mérite d’être redécouverte.
Mercredi prochain dans « Nos sagas de l’été » (3/8): Les cœurs brûlés
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JeremyLeBlanc