Image Image Image Image Image Image Image Image Image Image
Scroll to top

Top

2 Commentaires

Philippe Duclos: « La situation fait le personnage »

Philippe Duclos: « La situation fait le personnage »
Alexandre LETREN

La saison 5 de Engrenages est attendue pour le 10 novembre prochain sur Canal+.
12 nouveaux épisodes d’une série maîtrisée et reprise en main cette année par Anne Landois en tant que showrunner. Avant de vous en parler plus en détails, nous avons pu rencontrer Philippe Duclos alias le Juge Roban, fascinant personnage qui fait une entrée en matière remarquée et remarquable dans cette saison.

La capitaine Laure Berthaud est en charge d’un double homicide particulièrement éprouvant pour son groupe d’enquêteurs. Policiers, avocats et juge travaillent sur cette même affaire qui va les entraîner dans les milieux du grand banditisme, des indics et des gangs de filles. La brutalité de l’affaire va révéler des affinités inattendues entre les personnages, engendrer des remises en cause personnelles, peut-être provoquer des ruptures définitives. De cette enquête qui touche chacun au plus profond, personne ne ressortira indemne.

Season One: Dans le début de cette saison, vous avez des dialogues formidables que vous rendez de manière formidable.

Philippe Dulos: Vous savez c’est une alchimie assez mystérieuse qui s’opère avec Roban. Quand il y a une rencontre entre un comédien et un rôle, ça donne quelque chose d’assez étrange. Un peu comme l’œuf et la poule, on ne sait pas qui est responsable: est-ce le comédien qui rend bien les dialogues ou les dialogues qui font grandir le comédien? Dès le départ, il y a eu une rencontre avec ce personnage et ensuite, comme dans tout projet, il peut arriver que le comédien influence aussi l’écriture. On me dit souvent que je suis très crédible en juge d’instruction et je me fais la même remarque en me voyant. Alors pourquoi cette crédibilité? C’est un mystère. Maintenant, la richesse de l’écriture fait de ce personnage quelqu’un d’ambigüe, de complexe et c’est ça qui fait qu’on l’adore. Dans la fiction, plus un personnage est complexe et plus on l’adore.

philippe-duclos

Season One: Roban a bien entendu évolué en 5 saisons. Il y a tout de même une constance qui est son désir de faire bouger le système judiciaire de l’intérieur.

P.D: Oui tout à fait. Ce que Roban a de commun avec les juges médiatiques que l’on connaît bien comme Van Ryumbeke c’est d’être un peu en dehors des clous. Comme le personnage le dit très bien en début de saison, la qualité d’un juge n’est pas conditionnée à sa place dans la hiérarchie. Être un bon juge, c’est savoir mettre de côté tout ce que la pesanteur hiérarchique peut créer dans une carrière comme des prudences, des renoncements, le fait de ménager ses intérêts personnels,.. Roban met totalement de côté ses intérêts personnels. Il aurait très bien pu, s’il avait voulu, faire une carrière plus importante et gagner plus d’argent. Le Juge Thiel a par exemple toujours refusé la légion d’honneur. Pour lui c’était juste incompatible. Raban est pareil. Il ne veut manger dans la main de personne et il veut garder son indépendance tout en ayant bien conscience d’avoir besoin des autres. Il a besoin des flics avec qui il peut travailler, du Procureur Clément dans les saisons 1 à 3,..Il n’est pas seul dans son travail mais il se retrouve seul avec lui même quand il doit prendre une décision et mettre une personne en examen.

Season One: Roban donne l’impression d’être solide même si en saison 4, il a manqué de renoncer. C’est resté présent dans votre tête en saison 5 ou pas?

P.D: Particulièrement oui. L’épreuve de la saison 4 c’est son passage devant le Conseil supérieur de la magistrature, l’épreuve la plus dure pour un juge. Le fait qu’il en ressorte avec les honneurs fait qu’il se sent sûr de lui et trop en sécurité, et ça c’est bien entendu très dangereux. Mais je n’en dirai pas plus, vous verrez pourquoi dans cette saison.

Season One: L’arrivée de Anne Landois dans la gestion de la série a-t-elle changé quelque chose dans l’écriture de la série et dans votre travail?

P.D: Oui. Anne Landois est arrivée en saison 3. Il y a une très grande disparité d’écritures entre la saison 1, la 2 et la 3. La saison 2 lorgnait plus du côté du policier et la 3 est venue remettre un peu plus d’équilibre. C’est en ce sens qu’il y a du changement. Maintenant, l’âme des personnages n’a pas changé. Elle a continué d’avancer et quelque soit le scénariste qui arrive, il n’aurait pas pu la changer. Apporter quelque chose mais pas la changer. Ce qui commande c’est la logique des personnages.

Season One: Il y a une fidélité de chacun dans cette série. Comment vous expliquez ça?

P.D: Je crois tout simplement que c’est la qualité des scénarios. Vous savez, il y a 10 ans, les séries n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui. J’y allais donc un peu à reculons au début en me disant au pire c’est Canal, si ce n’est pas bon, peu de gens la verront. Mais quand j’ai reçu la saison 1, le niveau d’écriture, l’intelligence ont fait sauté toutes mes craintes. Et je pense que c’est pareil pour les autres.

Season One: Il y aussi une grande alchimie entre vous tous. C’est assez magique.

P.D: Vous avez raison, c’est magique, on ne peut pas l’expliquer. C’est un peu comme le théâtre d’où je viens finalement. L’esprit de troupe. Tout le monde joue la même pièce et la joue ensemble. Si il n’y a pas ça, c’est foutu. C’est la part chanceuse qui est arrivée aussi sur Engrenages. A part Grégory Fitoussi, pour qui j’ai une grande admiration, on vient tous du théâtre et du théâtre subventionné ce qui est très différent du théâtre privé. C’est quelque chose qui joue certainement beaucoup. Il n’y a pas de soucis d’égo ce que la série ne permet de toute façon pas car c’est une série chorale sur la ligne anglo-saxonne.

duclos bertaud

Season One: Il y a dans « Engrenages » des dialogues vraiment remarquables. Vous, homme de théâtre, j’imagine que ça vous touche particulièrement?

P.D: Oui c’est clair. En même temps, il m’arrive aussi de ne pas vouloir de certains dialogues qui seraient trop calibrés pour mon personnage. Parfois, je vais à fond dans les indications de jeu, et parfois je vais faire exactement le contraire. Par exemple, si à la fin d’une audience où il gagne, la didascalie me dit de faire un petit sourire, il est évident pour moi que dans ce cas, il faut faire le contraire.

« La magistrature vous a choisi disons, pour votre intelligence. Mais pour faire carrière, cette intelligence ne vous servira à rien ! »

Season One: Qu’est ce que vous lui avez apporté au Juge Roban?

P.D: Je ne sais pas quoi vous répondre car en fait, pour moi, il y avait tout dès le début. Je n’ai pas l’impression d’avoir changé ni apporté quelque chose ce qui n’est pas le cas de tous les personnages. Maintenant, pour moi, ce sont les situations qui font les personnages, pas l’inverse. C’est pour moi la grande force des fictions anglo-saxonnes, ce qu’on a pas chez nous. Je ne travaille moi qu’à partir des situations. A aucun moment je ne me demande comment Roban réagirait là, à ce moment. Un personnage existe en réaction à une action qui se produit. J’aime ce qu’en disait Claudel. Il prenait l’exemple de la Révolution française où des hommes comme Danton ou Robespierre se sont révélés par rapport à ce qu’il se passait pendant cette période.
La force d’Engrenages c’est d’avoir permis à des acteurs de rencontrer des situations incroyables.

Crédits: Canal+

  • http://www.letime.net/vocale/U_E_D.html temps

    Bonjour,
    Question à un acteur,
    implique, une réponse d’acteur.
    Je pense qu’en temps normal, l’homme aurait répondu ;
    Les événements montrent le personnage, ce qui a un tout autre sens, car dans la fiction, il est question de le faire exister.

    Cordialement

  • Pingback: Profession: showrunner avec Anne Landois | Season One()