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2 Commentaires

Sherlock, His Last Vow : lorsque le trop est l’ennemi du bien

Sherlock, His Last Vow : lorsque le trop est l’ennemi du bien
Carole Llombart

Attention Spoilers!!!!

Je suis perplexe.

Voilà comment peut se résumer cette critique écrite à chaud après avoir terminé le dernier épisode de la saison 3, signé Steven Moffat. Un épisode pensé comme un final tragique, plaçant les personnages où ils n’étaient encore jamais allés. His Last Vow aurait pu être un magnifique épisode porté de bout en bout par une tension psychologique et donnant une profondeur supplémentaire aux héros. Il l’a été, parfois, mais trop souvent, il a manqué sa cible, par pêché de gourmandise de ses deux cocréateurs. Mark Gatiss et Steven Moffat aiment plus que tout écrire pour Sherlock et ils aiment plus que tout leurs personnages. Mais cet amour les pousse aussi à vouloir en faire trop.

Charles Augustus Magnussen, porté par le talentueux Lars Mikkelsen, aurait pu être de bout en bout un vilain qui glace le sang et qui semble imbattable. Il glace le sang lors son introduction, parfaite image de l’homme reptilien qui ne craint personne car tout le monde lui appartient. Il glace le sang et semble imbattable au terme de sa confrontation finale avec John et Sherlock. Malheureusement, plusieurs scènes alourdissent le personnage en voulant absolument montrer le dégoût qu’il inspire, plutôt que de simplement le suggérer. Si les excès de Moriarty collaient parfaitement au personnage, car fonctionnant comme un parfait miroir avec Sherlock, les excès de Charles Augustus Magnussen tombent à plat et en font une caricature du “villain de l’histoire”.

La tension psychologique aurait pu ne cesser d’aller crescendo, mais elle ne cesse de s’arrêter en cours de route pour peiner à repartir. Durant deux saisons, Mark Gatiss et Steven Moffat ont réussi à tenir avec brio le format de 90 minutes voulu par la BBC. D’ailleurs, leur pilot non diffusé de 60 minutes fonctionnait moins bien. Mais dans cette saison 3, il semble que ce format de 90 minutes soit plus une contrainte qu’un espace de jeu. Ou plutôt que les scénaristes veulent trop jouer. La visualisation du mind palace de Sherlock a toujours été un point faible de la série. Dans His Last Vow, il devient l’un des éléments centraux de l’intrigue. Et il sort le spectateur de l’émotion. Sherlock découvre que Mary, la femme de son meilleur ami, celle qu’il a accueillie comme une amie dans son cœur, leur a menti. Sherlock se fait tirer dessus par Mary. Cette scène aurait pu être tellement forte si Steven Moffat n’avait pas eu peur d’aller au bout. Au lieu de ça, il a préféré montrer un Sherlock qui ne fait jamais face à ses émotions comme tout le monde et qui s’enferme, durant une interminable séquence, dans son mind palace pour trouver le moyen de survivre. La tension psychologique ne cesse d’être interrompue durant cet épisode à coup de flashbacks, de coupures dans la narration et en amoindrit sérieusement la portée. Le coup de grâce est sans nul doute le twist presque comique du final, faisant surgir d’outre-tombe Moriarty et annulant toute la portée émotionnelle des adieux entre John et Sherlock. Bien sûr, Mark Gatiss et Steven Moffat ont réussi leur coup : tout le monde va se demander durant de longs mois si Moriarty a vraiment survécu ou pas. Mais on ne peut s’empêcher de penser que tout ceci a un petit goût de réchauffé.

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Sherlock aurait tellement pu gagner en épaisseur en assumant pleinement d’être un ange. Il n’avait pas vraiment été un héros dans The Reichenbach Fall puisque tout était planifié. Mais dans His Last Vow, il le devient vraiment pour la plus belle des raisons : sauver le bonheur de ceux qu’il aime. La confrontation finale avec Charles Augustus Magnussen est à ce titre très réussie. Et ce moment où Sherlock comprend qu’il n’a d’autre choix que de réellement se sacrifier pour arrêter les agissements de cet homme est fort. Mais quel dommage que durant le reste de l’épisode, Sherlock soit souvent réduit à ses gimmicks. La deuxième saison avait été celle de son humanisation, la saison 3 était présentée comme celle où il commençait à se connecter à ses émotions. Dans His Last Vow, il est souvent insupportable comme il pouvait l’être à ses débuts avant de rencontrer John. Alors qu’il était si touchant à la fin de The Sign of Three en comprenant que rien ne serait vraiment plus comme avant, il agit ici comme un enfant gâté. Et si cette attitude fonctionnait à merveille les deux saisons précédentes, on a ici l’impression d’un retour en arrière. Et malgré tout son talent, Benedict Cumberbatch donne parfois à voir une partition presque forcée, à la limite de la caricature.

Heureusement, il y a John et Mary, la plus belle réussite de cette saison 3. Martin Freeman et Amanda Abbington sont des acteurs hors pair et leur complicité à la ville est un réel atout. Durant cet épisode, ce sont leurs scènes qui sont les plus touchantes, les plus justes. On reproche souvent à Steven Moffat d’avoir une écriture endiablée coupée des émotions. Mais Steven Moffat est avant tout un grand romantique et il le prouve une nouvelle fois ici.

Si les deux premières saisons avaient été montrées du point de vue de John, cette troisième saison est sans nul doute montrée du point de vue de Sherlock. Et selon Mark Gatiss et Steven Moffat, les histoires de Conan Doyle écrites selon le point de vue de Sherlock Holmes ne sont pas les meilleures. Mais cette critique n’est pas le tribunal de ces deux scénaristes talentueux. J’espère simplement qu’à l’avenir, ils sauront être moins gourmands.

Crédits: BBC

  • Cécilou

    Pour moi, ce 3ème épisode est le meilleur, le plus cohérent, le mieux écrit, le plus tendu… la scène où Sherlock reçoit la balle et les secondes revisitées dans son cerveau pour y survivre était forte.. Quant au méchant, j’étais très heureuse qu’il ait un palais mental à mettre en rivalité avec celui de Sherlock ! quant à Mary et John… oui, ils sont parfaits!

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