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The Newsroom: A vous les studios!

The Newsroom: A vous les studios!
Claire Tirilly

La dernière saison de The Newsroom vient de s’achever sur HBO. L’occasion pour Season One de se pencher dessus.

La saison 3 de The Newsroom est un cadeau d’Aaron Sorkin à HBO. Le résultat d’une conversation comme celle-ci:

HBO: Aaron, t’es sûr que tu veux t‘arrêter à la fin de la saison 2?

Sorkin: Oui

HBO: Vraiment? On a fait des super scores.

Sorkin: Oui

HBO: En plus on a encore créé une polémique, le web journalistique s’est encore emballé, c’est super.

Sorkin: Non, ça me gonfle, je veux plus faire.

HBO: Allez, une petite dernière saison, pour la route…

Sorkin: Non, je vous ai dit, j’en ai assez, je dois toujours respecter vos règles et vos délais à la con et après je me fais insulter quand je dis ce que je pense. Je préfère le cinéma.

HBO: Promis on sera gentil… En plus on sait que tu peux faire encore mieux, terminer enfin toutes tes intrigues, raconter ta version des choses, faire une belle saison!

Sorkin: Bon… OK… Mais 6 épisodes, hein? Pas plus!

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Et c’est exactement comme ça que ça se passe. Sorkin utilise sa série pour donner son avis pendant 5 épisodes et termine sa narration des personnages dans le 6ème. Entre temps, il a eu l’occasion de nous asséner son point de vue sur la neutralité des sources, la révélation de secrets gouvernementaux et internet, entre autre.

The Newsroom nous aura appris au moins une chose sur l’oeuvre de Sorkin: Il faut accepter qu’à la fin, c’est son opinion à lui qui gagne. Sur tous les sujets. Mais une fois que l’on a accepté cette convention, on peut accéder à la beauté de la série Sorkininienne, qui vante intelligence, réflexion et débat tout en n’évitant pas les sujets qui fâchent.

En continuant sur la lancée de la saison dernière, Sorkin ( et son pool d’auteurs) aborde des évènements réels ( l’attentat du Marathon de Boston) et fictionnels. Chacun de ses événements est choisi avec soin pour refléter un aspect de la narration ou une opinion. Et à chaque fois, le tout est débattu, et c’est Sorkin qui gagne, mais les médias en parlent. Et ça, il l’a bien compris.

Chaque semaine, des journalistes séries ont porté aux nues la nouvelle saison, plus juste, cohérente, ayant appris de ses erreurs. Plus drôle aussi. Et puis il y a eu l’épisode 5, ou tout le monde s’est dit que depuis 4 semaines, ils avalaient des couleuvres au nom de la brillance du génie, s’empêchant de traiter l’Auteur de gros con et que c’était fini. Et ils se sont lachés. Dans cet épisode, la question du viol sur un campus universitaire est abordée avec une maladresse presque épique.

Ou pas. La thèse défendue par l’épisode est que les médias ne devraient pas relayer les accusations de viol des étudiantes sans procès, pour protéger accuseurs et accusés. Et c’est un peu limite comme point de vue. Mais le personnage porteur de cette opinion est rapidement coincé dans un débat qui expose la thèse inverse. Un jeu d’arguments se crée et The Newsroom revient à la base de ce qui fait la série Sorkinienne: informer et expliquer.


La saison 3 assume donc avec brillance ce parti pris. Mais elle n’est pas en reste sur le développement des personnages non plus. En effet, la série fait le choix de réhabiliter entres autres Neal et Maggie, chacun prenant enfin une direction journalistique forte, dont on les savait capables dès le début. Elle joue aussi sur le couple Don /Sloan, l’utilisant comme outil comique grâce et malgré eux. Et ça marche. Rarement une série de Sorkin n’aura été aussi aboutie de ce côté là.

Enfin, avec l’épisode 6, (et les 5 dernières minutes du 5), The Newsroom, s’offre sa propre version apaisée de “Two Cathedrals” de “The West Wing”. Un retour aux sources pour marquer le chemin parcouru, une promesse pour le futur. Durant 3 saisons, on nous a dit qu’avant la série, Mac Avoy était un gros con (pardon, mais il n’y a pas d’autre mot), mais on ne nous l’a que rarement montré. On l’avait oublié. On avait aussi tendance à penser que c’était lui le patron, le mec bien qui osait prendre des risques, tout ça parce qu’il est intelligent et que la série tourne autour de lui et de son opinion. On avait tort. “What kind of day it has been” nous ramène vers Charlie Skinner, le chevalier blanc, le vrai Don Quichotte, le visionnaire. L’épisode, tendre, est écrit avec toute la superbe et l’intelligence qui lui est dû. Il termine la série avec justesse et c’est une vraie surprise.

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Le format en 6 épisodes, avec un vrai pool d’auteurs, est finalement la formule magique que cherchait la série depuis le début. Et c’est tant mieux. Attention, cependant, ça se prend vraiment au sérieux et il se peut que vous vous énerviez contre la vision limitée et parfois rétrograde de Sorkin sur certains sujets… Comme d’habitude, quoi!

Crédits: HBO