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14 Commentaires

Tombé en amour pour une Série Noire

Tombé en amour pour une Série Noire
Alexandre LETREN

La review

LA SAISON
7
LE SCENARIO
7
LE CASTING
7.5
7.2

COUP DE COEUR

Vrai coup de coeur pour une série pleine de bonnes surprises

C’est le rôle d’un grand Festival que de nous mettre en face de fictions qu’on n’aurait sans doute jamais vues autrement et capables de nous transporter.
Dans le cas de Série Noire, c’est plus qu’un simple voyage qui nous est offert mais on se retrouve littéralement face à un coup de foudre pour une série, un coup de cœur: coup de cœur pour son histoire, complètement folle, pour son écriture, son casting.
Comme on dit au Québec: je suis tombé en amour pour cette série et je rêve déjà de la voir adapter chez nous sur une chaîne comme OCS tant elle correspond tellement à sa « Signature ». 

Denis et Patrick sont deux scénaristes au tournant de la quarantaine qui doivent malgré eux écrire la deuxième saison de leur série La Loi de la Justice, totalement méprisée des critiques. Réalisant leur manque de talent, ils essaieront de nombreuses techniques visant à recréer les situations de la série pour rendre les personnages crédibles.

L’angoisse de la page blanche

Comment écrire la saison 2 d’une série? En lançant leur série en début d’année, les auteurs ne pouvaient bien sûr pas imaginer qu’ils tomberaient à ce point juste sur la situation de notre pays, de notre fiction. Et pourtant, c’est quelque chose que l’on connaît bien, nos séries ayant un mal fou à passer le cap de la saison 1. Avec Série Noire, on va assister à ce processus d’écriture de la saison 2, saison 2 non attendue (ni espérée) par ses auteurs. Comment corriger le tir après les erreurs commises en saison 1? Et dans le même temps, comment garder une cohésion par rapport à la saison 1 que le public a aimé? Mais au-delà de ces questions propres à la série télévisée, c’est davantage le processus d’écriture lui même (pour un scénariste mais aussi pour un auteur de roman par exemple) qui est ici mis en abîme.

serie noire ma blonde

Dès le début de la série et l’annonce surprise de la reconduction de leur série, Denis et Patrick se lancent dans un processus d’écriture nouveau. Appliquant en le poussant à l’extrême la technique connue de l’actor studio (se mettre dans la situation que son personnage va vivre afin de mieux ressentir et donc mieux jouer le rôle), ils vont très vite se rendre compte que la réalité peut dépasser la fiction. Entraînés dans une course folle, perdant le sens des réalités assez vite (notamment Denis), nos deux héros vont se retrouver confronter à un fan dérangé, un meurtre, une organisation criminelle « gay » baptisée EGG,..

Mais revenons au début de la série. Le premier épisode démarre sur une séquence surréaliste et risquée où l’on découvre les ultimes minutes de la fin de la saison 1 de la série de Denis et Patrick: La loi de la justice. Enchaînant les rebondissements foireux, les personnages caricaturaux, les dialogues creux, La loi de la justice se révèle un modèle du genre de tout ce qu’il ne faudrait pas faire en télé. Mais en termes de création « de fiction dans la fiction« , c’est tout simplement génial.

série noire loi justiceA la différence de fictions américaines comme Cut (CW) qui essaya de créer le succès et donc une oeuvre culte (en mettant de côté tout commencement de second degré et de recul), les deux auteurs de Série Noire mettent en scène à la fois ce que la critique n’aime pas dans les séries (et n’hésitent donc pas à se la mettre à dos), mais également les ressors dramatiques « faciles » auxquels on peut tous à un moment donné céder quand on regarde une série. C’est un pari risqué mais payant car « leur fiction » juridico-policière devient vite, dans le cadre de Série Noire, culte.

Mais la grande force de Série Noire c’est de parvenir à jongler sur différents genres, différentes humeurs et ce, jusqu’à la fin du 12ème épisode. Ayant terminé l’écriture de l’épisode 4 de la saison 2, Patrick explique à Denis que leur productrice n’est pas satisfaite de la fin de cet épisode car il ne contient pas de twists incroyables, mettant par la même en abîme la fin de la saison 1 de Série Noire qui se termine de  manière somme toute très simple. Un moment de belle émotion entre ses deux amis pour clore cette saison 1, des amis qui en ont traversé des choses durant ces 12 épisodes. Une amitié à laquelle on n’a aucun mal à croire, preuve s’il en est que l’écriture a été particulièrement soignée.
La série se paye aussi le luxe de faire quelques clins d’oeil à d’autres genres comme le slasher avec un épisode savoureux (le 10) où Denis et Patrick sont aux prises avec un « psychopathe masqué » qui leur fait vivre une nuit de cauchemar. La révélation qui explique tous ces moments qu’ils ont endurés dès l’épisode suivant est véritablement savoureuse.

marc-arcand

Difficile dans cette galerie de personnages qui nous est présentée d’en retenir un en particulier.
J’ai aimé l’incroyable potentiel comique de François Létourneau qui nous prouve qu’il est non seulement un très bon scénariste mais aussi un comédien comique incroyablement bon.
J’ai aimé le « doux dingue » Marc Arcand campé par l’excellent Marc Beaupré, la charmante et énigmatique Charlène (Anne-Elisabeth Bossé), le totalement dérangé Jean-Guy Boissonneau joué par le non moins excellent Guy Nadon (et ce qu’il fait pour permettre à Patrick de récupérer son poste d’auteur),.. Je ne peux pas tous les citer mais chacun des personnages est à sa juste place, bien écrit et bien interprété. Un délicieux plaisir de les retrouver à chaque épisode.

Autre atout indéniable pour la série: sa réalisation. Jean-François Rivard, co-scénariste avec François Létourneau de la série (ainsi que sur leur précédente série, Les invincibles), met en scène Série Noire de manière très habile, œuvrant dans des conditions loin d’être évidentes. En effet, et c’est assez rare à la télévision québécoise, la série a été tournée en extérieur en plein hiver (neige et froid au programme), rendant compliquée la moindre initiative, là où la plupart des autres fictions télé préfèrent tourner une fois les beaux jours revenus.

Mention spéciale aussi à la sublime bande originale de la série signée Cristobal Tapia de Beer à qui l’on doit aussi celle de Utopia, autre oeuvre totalement décalée. Le thème principal de la série est ainsi une vraie petite merveille dont les notes rendent parfaitement compte de la noirceur qui habite souvent la série.

Série Noire en saison 2? Oui oui 100 fois oui. A l’heure qu’il est, aucune décision n’a été prise. Dans un article paru dans Le soleil écrit par Richard Thérrien, Louise Lantagne, directrice générale de la Télévision à Radio-Canada confiait: « Nous ne sommes pas pressés de prendre une décision parce que de toute façon, on ne tournerait pas cet hiver. Nous préférons avoir toutes nos données financières en main« . Peu importe le temps qu’il faudra, on veut les voir revenir nos deux auteurs car on n’en a pas fini avec eux et on ne veut pas voir la série s’arrêter en si bon chemin, il y a encore tant de choses à raconter.
Série Noire en France? Oh que oui. Il faut qu’une chaîne diffuse la série et la diffuse sans doublage. J’ai toujours trouvé insultant de doubler une fiction qui parle la même langue que nous simplement pour en gommer l’accent. L’accent du Québec est un bel accent et sans lui, Série Noire perd une grosse partie de son charme et de son sel, mais surtout de son identité.
Série Noire aurait je trouve parfaitement sa place sur une chaîne comme OCS tant elle correspond en tout point au ton de son label OCS Signature. Imaginer un remake dans le cadre de ce label est parfaitement pertinent, il y aurait tant de choses à raconter sur le travail des auteurs et le rapport qu’ils entretiennent avec les chaînes de télévision. Série Noire réussit là où une série comme Platane avec le milieu du cinéma a échoué.

sn

Vous l’avez compris, j’ai adoré Série Noire. J’ai aimé chacun des 12 épisodes que compte la saison 1. Un tel coup de foudre pour une série ne m’arrive pas souvent (la dernière en date s’appelle Lazy Company, cela vous donne un ordre d’idée). J’ai aimé les entendre, les voir, les suivre, chacun dans leur registre au fil de cette saison 1.
Série Noire est une belle bouffée d’oxygène, un pari audacieux relevé par des auteurs et comédiens de talent. Certes, on note des petits temps morts ici ou là, des moments de flottement, mais je ne veux retenir que le meilleur de ces 12 épisodes car le bonheur ressentit et jamais altéré mérite bien ces petites imperfections. 

Crédits: Productions Casablanca

SN DVD

  • http://leschroniquesd'atreyu atreyu

    j’aime beaucoup c’est une vraie surprise, seulement l’accent québécois j’ai vraiment un souci avec, pour bien suivre les répliques typiques de leur phrasé.

    • http://twitter.com/alexandreletren Alexandre LETREN

      Pour moi, c’est l’accent qui fait tout mon petit bonheur.

    • Didbr

      Forcez-vous un peu on ne sous-titre pas les films ou séies françaises au Québec malgré vos anglicismes à répétition,vos expressions et les différents accents! Un peu d’ouverture ne vous ferais pas de tort

      • http://twitter.com/alexandreletren Alexandre LETREN

        Très bien mais quel rapport avec ce que j’ai dit? Je n’ai jamais dit que l’on doublait les séries au Québec, relisez moi. En l’occurrence, je parlais de la France et de sa manie à doubler les séries venant du Québec, ce qui ne me plait pas car je veux les voir telle qu’elles sont, avec l’accent du Québec (comme on l’a fait sur Musée Eden, ou encore Les hauts et les bas de Sophie Paquin). Je précisais que je souhaitais juste que Série Noire arrive chez nous et qu’on la double pas. C’est tout!!

        • Jon

          Je crois que la réponse s’adressait à Atreyu..

  • Marilyn

    Je suis très contente que cette série se fasse connaitre en France. Je l’ai adorée et j’espère qu’il y aura une deuxième saison! Merci pour cet article!

    Malheureusement, au Québec (je ne sais pas si c’est comme ça ailleurs) on ne calcule les cotes d’écoute qu’en fonction du nombre de téléspectateurs (alors qu’on sait que cette série est surtout écoutée par de jeunes adultes, qui l’écoutent gratuitement en rediffusion sur le web). C’est ce qui joue présentement contre Série Noire, car plusieurs jeunes (dont moi) n’ont même pas de téléviseur! J’espère que la façon de « calculer le succès » d’une série changera sous peu, car elle favorise les productions s’adressant à une tranche de spectateurs plus âgés ou plus traditionnels.

  • http://ScenariSSiMotS.com Nicolas R.

    Pourquoi parles tu du adaptation sur OCS Alexandre ? Je suis un français au Québec depuis peu & tu peux me croire on comprend très bien la série comme elle est… Si c’est pour massacrer l’original comme la France a fait si bien avec les Invincibles ou meme le film Starbuck c pas la peine d’adapter. La France ne c pas adapter.

    • http://twitter.com/alexandreletren Alexandre LETREN

      C’est vrai, comme d’ailleurs dans beaucoup de pays. Mais j’ai eu ce sentiment en voyant la série et je me suis dis qu’il y aurait quelque chose à faire en l’adaptant à notre spécificité, vu que en France, arriver en saison 2 est souvent miraculeux 😉

    • http://twitter.com/alexandreletren Alexandre LETREN

      Tu lieras l’interview de la productrice de Série Noire et je pense que la réponse te surprendra

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