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Virage Nord, vraie mini série nordique à la française

Virage Nord, vraie mini série nordique à la française
Alexandre LETREN

La review

LA SERIE
7.5
LE SCENARIO
7
LE CASTING
7.5
7.3

Vrai coup de cœur

Passé le jeu de mot facile sur « série nordique » puisque la série prend place dans le nord de la France, Virage Nord se révèle comme un vrai hommage aux séries nordiques que l’on connaît et que l’on aime, tout en lorgnant du côté des Etats-Unis avec des références voulues ou pas à de grandes séries américaines. Réalisée par Virginie Sauveur et portée par Judith Davis, Virage Nord, prix de la meilleure série au dernier Festival de la Rochelle, constitue l’une des très belles surprises de ce début 2015. On vous dit pourquoi.

Une petite ville française, passionnée par son club de foot, est bouleversée par le meurtre d’un supporter dans les tribunes, pendant un match. Alexandra Perrucci, une fille du pays, revient pour enquêter au coeur de sa ville, de sa famille, et de leur passion dévorante pour le ballon rond.

Virage Nord est un polar bien entendu. Un crime commis durant un match de foot. Mais c’est bien plus que ça. A la manière des séries nordiques qui, au gré de trames policières, nous racontent la société dans laquelle nous vivons, Virage Nord nous emmène dans une petite ville d’aujourd’hui, rongée par le chômage, la crise économique et qui ne survit que par le poids du club de football. Des enjeux peu usuels des séries françaises dans lesquelles le sport n’a jamais de place. En ça, la série rappelle Friday Night Lights, et la petite ville de Dillon (Texas).
Durant les 3 épisodes, rien n’est laissé au hasard et le spectateur n’est jamais ménagé. Sale, âpre, glauque, la série nous emmène dans les bas fonds d’une ville et emprunte à ses séries qu’on aime et qu’on connaît des codes qui ne nous sont pas inconnus.
Autre point fort: la série a une vraie belle héroïne à la Sarah Lund (The Killing) ou Saga Noren (Bron), campée par l’excellente Judith Davis, enfant du pays qui a fuit cette ville où elle mourrait à petits feux, mais contrainte d’y revenir pour aider sa sœur soupçonnée de meurtre. Alex est une vraie héroïne moderne. Elle n’est pas nécessairement celle qu résout tout, elle est complexe, brisée et terriblement attachante donc car pleine de failles.

Virage Nord 2Mais si j’ai aussi aimé Virage Nord, c’est parce qu’elle est l’anti P’tit Quinquin. Et si vous nous lisez régulièrement, vous savez ce que ça signifie vraiment (ici). Même cadre, même genre et pourtant traitement radicalement différent.
Virginie Sauveur met en scène avec beaucoup d’élégance et de sobriété une histoire qui n’en demeure pas moins puissante. Elle prouve qu’il y a bien entendu de vrais talents en télévision et elle sait ce qu’est raconter une histoire pour la télé. Virage Nord n’est pas un film découpé en épisodes mais une vraie mini série. Les personnages sont construits, charpentés et ont leur propre vie, indépendamment de l’histoire policière qui se conclut à la fin du 3ème épisode. Des personnages que l’on pourrait sans peine continuer à suivre, qui auraient des choses à nous raconter, même « débarrassés » de l’intrigue policière. De même, chaque épisode conserve son unité tout en déroulant une intrigue sur 3 épisodes. Comme une vraie série mais à durée de vie très limitée. Tout ce que Bruno Dumont n’a pas fait. En la matière, Virginie Sauveur et les auteurs de cette mini série, n’ont pas à rougir de la comparaison et raconte beaucoup mieux, avec bien plus de finesse, la vie dans cette région française que d’autres œuvres bien plus prétentieuses ne l’ont fait avant.
C’est pour toutes ces raisons que la diffusion en une soirée de cette série par Arte est assez incompréhensible. Si on veut que les mini séries en soient vraiment (et donc que la narration et l’écriture en tiennent compte), il faut leur rendre leur côté « rendez-vous« , que ce soit pendant 10 semaines ou seulement 3. En faisant ça, on renforce le côté « film coupé en épisodes » ce que Virage Nord n’est absolument pas.

Virage Nord 3

Très belle réussite, Virage Nord ouvrira l’année 2015 sous les meilleures couleurs, notamment pour Arte (la chaîne enchaînera ensuite par la non moins excellente Paris). Passionnante de bout en bout, portée par un casting solide, cette mini série est un vrai coup de coeur et confirme que des gens talentueux travaillent en télé et contribuent à donner de belles œuvres à notre fiction. Et ça fait vraiment du bien.

Crédit: Arte

Réalisateur : Virginie Sauveur
Scénariste(s) : Virginie Sauveur, Raphaëlle Roudaut, Clara Bourreau d’après une idée originale d’Arnaud Louvet
Production : Æternam Films (Arnaud Louvet et Fred Bellaïche)
Coproduction : ARTE France