C’est quasiment une tradition de commencer la nouvelle année avec une nouvelle enquête de la collection Dame de par Alexis Lecaye et avec Thierry Godard. Dame d’atout est le titre de ce nouvel opus et une nouvelle fois, la série nous entraîne dans des univers sombres, ici nous entrons dans la tête d’un pédophile et de sa relation trouble avec sa sœur. Un sujet ô combien difficile pour un résultat ô combien réussi.

Une fillette est retrouvée morte en contre bas du périphérique. Elle a été agressée sexuellement avant d’être tuée. C’est le genre de découverte qui rend Martin et son groupe prêts à faire l’impossible pour coincer le coupable. Tâche d’autant plus difficile que l’identité de la gamine leur échappe.

Très vite pourtant, l’enquête progresse et les traces prélevées par Bélier sur le corps conduisent les flics chez un certain Akim Fediche : ils trouvent l’appartement vide. Cet ancien voyou devenu comptable, n’a rien d’un pédophile. Mais un terrible secret le lie à la belle Angela Eastbourne, et à son frère Jean-Charles, homme d’affaire de 46 ans, marié et père de deux enfants, dévoré par une passion clandestine et innommable.

Dame d’atout nous emmène sur un sujet brûlant. Avec comme point de départ la question des délinquants sexuels arrêtant leur traitement et récidivant, la série se place une nouvelle fois dans un sujet au cœur de l’actualité. En adoptant à la fois le point de vue des enquêteurs tentant de retrouver la trace de l’assassin d’une fillette, et en même temps, celui de Jean-Charles, pédophile en proie à des pulsions qu’il ne parvient plus à contrôler, Dame d’atout bouleverse notre ressenti sans arrêt: en tension quand l’enquête n’avance pas, plein d’effroi quand on comprend petit à petit de quoi Jean-Charles est capable. Et jusqu’à la fin, la série nous montre à quel point cet homme est un peu plus un monstre que 5 minutes auparavant. Mais sans jamais trop en faire. Ni en dire. Juste par des non-dits. En ça, la relation de Jean-Charles et sa sœur jumelle Angela (équivalente de la femme de Dutroux ou de Fourniret), est passionnante pour l’oeuvre de fiction, mais glaçante pour ce qu’elle dit. Car pour protéger son frère, elle est prête à protéger les pires horreurs. Et se salir les mains au passage. Mais la série, intelligemment écrite, nous épargne de longues séances d’explications pour comprendre qu’elle aide bien plus son frère qu’elle ne le dit. En ça, la dernière scène face à Martin (Thierry Godard) est un moment fort car, jusqu’au bout, cette femme refusera de reconnaître ce qu’elle fait. Tant de fois dans des fictions, on nous a abreuvé de lignes de dialogues inutiles, mais pas ici. Dame de est une série où les non-dits parlent beaucoup.

Mais l’autre grande force de la série c’est Thierry Godard. J’ai même envie de dire que n’importe quelle série ou projet qui aurait ce brillant comédien, partirait avec un sérieux « atout« . Incontestablement l’un des acteurs les plus brillants d’aujourd’hui, Thierry Godard est à l’image de la série Dame de: il n’a pas besoin de beaucoup parler pour nous dire pleins de choses. Cet acteur véhicule un panaché d’émotions par sa voix, son visage, à la fois dureté et douceur extrême, qui le rendent passionnant à suivre. Un comédien qui force le respect et l’admiration et qui donne à la série un cachet incontestable.

Crédits: Dajma

Réalisé par Camille Bordes-Resnais et Alexis Lecaye

Scénario de Camille Bordes-Resnais et Alexis Lecaye
D’après le roman d’Alexis Lecaye, « Dame d’Atout  ». Paru aux Editions du Masque

Musique Originale Samuel Hercule (Editions Cristal Publishing)

Avec Thierry Godard, Valérie Decobert, Jean-Toussaint Bernard, Sophie-Charlotte Husson, Anne Loiret, Charley Fouquet, Philippe Dusseau, Marianne Basler, Husky Kihal, Aurélia Petit