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Pilote d’essai: Dig (USA Network)

Pilote d’essai: Dig (USA Network)
Christophe Brico

La review

Pilote
1
Casting
5
Scénario
1
Réalisation
1
Envie de voir la suite
1
1.8

A éviter

Après le couple Vince Gilligan/David Shore pour Battle Creek, c’est un nouveau mariage de producteurs/showrunners qui débarque sur USA Networks, en l’occurence Gideon Raff, ancien producteur (et adaptateur) de Homeland et de Tyrant, et Tim Kring à qui l’on doit Heroes et Touch. Le mélange improbable entre un conteur du réel et un faiseur de contes donne Dig, série policière-conspirationiste-mystique.

It’s the end of the world (as we know it)

Dig nous raconte l’histoire de l’agent spécial Peter Connely (Jason Isaac que l’on a pu voir dans l’éphémère Awake, mais surtout le Lucius Malefoy de Harry Potter), appartenant à une cellule du FBI basée à Jerusalem, pour des raisons assez obscures, et qui doit enquêter sur le meurtre d’une jeune femme, sosie de sa fille disparue. Pendant ce temps à un groupe religieux met en oeuvre une conspiration aussi obscure qu’ancienne, dont on ne sait pas trop à quoi elle doit aboutir, mais tout nous laisse penser que ça sent pas bon.

Pas simple de résumer le pitch de cette série tant on ressort du pilote confus. Tout aussi confus que l’écriture de ce dernier. Avant d’entrer plus dans les détails, reprenons les faits.
La série est donc le résultat de l’alliance improbable de Gideon Raff, producteur, scénariste et réalisateur israélien, et Tim Kring, producteur et scénariste de télé, assez connu pour ses concepts “hors norme”. Le premier est un adaptateur du monde contemporain, et plus particulièrement de ce qui touche au Moyen-Orient. Il a adapté Homeland, créé Tyrant (qui rappelons-le, raconte l’histoire d’une famille au pouvoir dans une dictature Arabe qui est un peu un mélange entre Bahrein, l’Arabie Saoudite, l’ancienne Libye ou encore la Syrie ndlr). Si l’on regarde le résultat des productions du monsieur, on est globalement dans des productions qui se veulent réalistes, qui s’intéressent à l’état du monde, ou en tout cas d’une partie de celui-ci, et surtout qui tentent de mettre en image la dimension humaine de ces questions. Le second est plutôt un rêveur. La première saison de Heroes fut un réel succès, Touch avait le mérite de l’originalité. C’est sans doute dans cette dernière production qu’il faut chercher les graines de ce qui est aujourd’hui Dig. Il faut préciser enfin que Kring est de confession juive, et que, au vu de ces deux dernières productions (Touch et Dig donc), il semble que les mystères du judaïsme le fascine profondément. C’est donc l’alliance de ces deux sensibilités, de ces deux intérêts, qui conduit aujourd’hui à Dig. Sur le papier on pourrait se dire : “Pourquoi pas”. En effet, mélanger une histoire mystico-religieuse avec un contexte cruellement réaliste pourrait donner un bon cocktail. Force est de constater que ce n’est pas vraiment le cas.

dig

Soyons tout de même fair play. Le cast fait le job. Jason Isaac pour la plus grande partie, mais aussi Anne Heche, dans le rôle de sa boss/maîtresse ou encore Alison Sudol qui joue la jeune fille mystérieuse qui va retourner la tête à notre agent. La bonne surprise est Ori Pfeffer qui interprète le détective Golan Cohen, flic de Jerusalem, offrant un contre-pied amusant au stéréotype de l’agent américain incarné par Isaac.

Armageddon it

Ne laissons pas planer le suspens plus longtemps : la vision de ce pilote fut une expérience douloureuse. Pour résumer en un mot, tout cela est tres confus. Plusieurs éléments viennent plomber cette série.

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Pour commencer, la forme. En effet, l’ensemble du pilote est tourné caméra à l’épaule, donnant à l’ensemble un aspect “shaky cam” (entendez par là l’impression que le cadreur est un épileptique en pleine crise pendant 45mn). Si l’effet peut avoir du sens dans certaines situations, à l’échelle d’un épisode entier, il est surtout générateur d’une migraine carabinée ! C’est d’autant plus dommage que le fait d’avoir placé l’action à Jerusalem donne à la série un contexte différent de ce que l’on a l’habitude de voir sur la télé U.S., et mettre en valeur la ville aurait sans doute apporté une réelle valeur ajoutée. Malheureusement, le procédé choisi, allié à des plans qui se veulent “artistiques”, ne produit qu’un gloubi-boulga visuel assez indigeste. Personnages filmés très près, scènes avec des dialogues hors-cadre, le pilote est totalement tourné avec des effets, mais ceux-ci sont rarement utiles au récit, et du coup viennent plomber l’ensemble, empêchant le spectateur de réellement entrer dans cette histoire, qui en plus n’est pas simple.

C’est le second problème de ce pilote, et sans doute de la série. En effet, un épisode mal tourné ça se corrige à l’épisode suivant en simplement changeant de réalisateur (en l’occurence ici S.J. Clarkson), mais une histoire mal embrayée, c’est un autre problème. Finalement, on peut résumer l’histoire de Dig en trois angles. Tout d’abord, le plus évident, celle d’un flic américain plongé dans un des endroits du monde les plus conflictuels, et dont l’organisation sociale est sans doute une des plus complexes. C’est en-soi, un sujet. Sur cette unique base, avec simplement une enquête bien troussée, il y avait de quoi faire une série. Mais à cela, il faut ajouter l’histoire du flic lui-même. Vaguement en dérive, à priori suite à la perte de sa fille, la plus grande partie de cet épisode pilote est centré autour de son histoire et de son parcours intérieur. On voit bien le motif ici, donner au personnage une relation intime avec l’enquête “fil rouge” de la saison, tout en raccrochant un peu les wagons avec la partie mystique de la série. C’est ce dernier point qui constitue la troisième trame : une conspiration ancestrale, religieuse et mystique dont à ce stade on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’elle implique une vache en Finlande et un petit garçon au Nouveau Mexique. C’est sur cette partie que l’on sent le plus l’input de Kring, jusqu’à mettre en scène un enfant, ce qu’il avait plutôt bien réussi dans Touch. Le problème est que tout cela est ajouté par petits bouts dans l’épisode, et qu’à la conclusion de celui-ci on ne fait pas trop le rapprochement avec notre histoire de flic.

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Ce mélange, à la fois esthétique et narratif, produit une masse informe, dont on ne sait pas trop ce qu’elle nous raconte et vers quoi elle va. C’est le handicap majeur. En effet, la fonction d’un pilote est de poser une promesse. Une promesse d’histoire, de ton, de situation ou encore de mise en images. C’est tout l’enjeu, permettre au spectateur d’anticiper suffisamment pour avoir envie de voir l’épisode suivant, et suffisamment peu pour être surpris à la vision de celui-ci. Dans Dig, cette tentative est clairement un échec, tant on ne sait pas vraiment ce qu’on nous raconte, si l’on est dans du polar ou du fantastique, sur quoi centrer notre attention, ou enfin quel est la menace qui plane. C’est d’autant plus étonnant que la série est diffusée sur USA Network est plus connu pour des séries efficaces, esthétiquement “carrées” comme Suits, Graceland ou encore Satisfaction. Encore plus surprenant, la série initialement prévue pour un run de 6 épisodes à été commandée pour 10 finalement.

Globalement Dig est une série brouillonne, dans le fond comme dans la forme, et si les membres du cast font le job, le cadre dans lequel ils sont posés est totalement indigeste.

Crédits: USA Network